• LYNCH MOB 

      Une année métallique

    Artiste sans langue de bois, George Lynch fait partie de ces figures qui ont contribué à l’histoire du hard-rock. Technicien émérite, il produit des performances volcaniques et fougueuses inscrites dans la mouvance d’un certain Eddie Van Halen. Sa sensibilité et son sens de la musicalité lui permettent par ailleurs de produire chaque année des albums où il s’exprime dans de nombreux idiomes. Ce fut encore le cas en 2023. [Entretien avec George Lynch, guitare par Philippe Saintes – Photos : Frances Axsmith et Enzo Mazzeo]

     George Lynch - Promo 2023

    Tu as sorti au début de l’année un album de rock industriel sous le nom The Banishment. Cela a surpris de nombreux fans et pourtant cet enregistrement téméraire témoigne de ta volonté de ne pas rester enfermé dans un seul style.  

    J’avais espéré que cet album suscite l’enthousiasme auprès de la majorité mais j’ai été invalidé par la réponse de la critique. J’avais déjà connu ça dans le passé avec Smoke This (Lynch Mob) et The Infidels. Dans un sens, si je sors des sentiers battus, c'est avant tout pour moi par pour quelqu'un d'autre. Il y a une part d’égoïsme, je l’avoue. Vous ne voudriez pas voir AC DC ou Judas Priest et Van Halen devenir quelque chose de différent. Ce serait inacceptable pour la plupart des fans. Dans mon cas, j'aurais pu continuer à faire les mêmes choses musicalement toute ma vie. Je ne sais pas pourquoi mais on m’a enfermé dans un certain style. Je suis catalogué. Je veux dire par là que si je sors un disque avec un son années 80, les gens l'aimeront et il sera jugé crédible mais, je vois les choses différemment, mes priorités ne sont plus les mêmes. Je veux évidement satisfaire mon public, lui donner ce qu’il veut mais, à un moment donné, artistiquement parlant j'ai besoin d'exprimer mon art et de ne pas toujours être dépendant d’un auditoire. Dans un sens, si je sors des sentiers battus, c'est avant tout pour moi par pour quelqu'un d'autre. Il y a une part d’égoïsme, je l’avoue. En dehors de mes enregistrements habituels, je travaille sur des projets parallèles pour des labels indépendants et je me régale. Cela va du métal progressif à des sonorités pop ou même du hip hop. En fait, j'aime encore mieux faire ce genre de choses que faire mes propres albums parce que personne ne me condamne ou ne me critique pour la simple et bonne raison que ces musiques restent assez confidentiels. Je trouve ça très gratifiant d'atteindre un public qui ne serait généralement pas immergé dans la musique de George Lynch.

    Heart Of Sacrifice, la troisième galette du duo Sweet-Lynch a eu son petit succès au printemps dernier. Quelle est ta véritable relation avec Michael Sweet (Stryper) en sachant que vous avez des idées philosophiques opposées.  

    C’est avant tout un ami. Nous nous nous sommes beaucoup amusés sur Heart Of Sacrifice. Michael est un fervent chrétien alors que moi, je suis humaniste en matière de morale mais pas du tout de spiritualité. Cela a donné lieu à de nombreuses interactions amicales et à des conversations animées. L’idée de départ étaient d’ailleurs de réaliser une album concept sur nos expériences philosophiques. Nous avions convenu de le faire, mais le problème est apparu lorsque j'ai réalisé que je ne pouvais pas demander à Michael de chanter mon point de vue parce que cela aurait été hypocrite de sa part. Il n’allait tout de même pas vendre son âme au diable (rires).

    En fait, je l'ai fait une fois dans ma vie avec la musique du documentaire Shadowtrain. Le chanteur était croyant et il a essayé de changer au maximum les paroles que j’avais écrites pour en faire passer un message chrétien, ce à quoi j'étais opposé parce que ce n'était pas le but du projet. J’avais composé quelques chansons qui étaient tout à fait à l'opposé de ce qu'il voulait interpréter et ça le dérangeait beaucoup et moi ça m’embêtait de lui demander de faire quelque chose contre nature. Je pense que cela sonnait faux. C’était vraiment une chose merdique à faire. 

    Sweet & Lynch 2023

    J’ai apprécié Heavy Hitters II, un album de reprises de tubes pop et rock réalisé avec ton complice de toujours Jeff Pilson (Foreigner, The End Machine, Black Swan, ex-Dokken). Ce dernier semble avoir de nombreux points communs avec Michael Sweet.

    Eh bien, ce sont des artistes merveilleux, transparents, honnêtes et travailleurs. Je les adore ! Ils connaissent toutes les arcanes du business musical et sont multitâches. J’ai même surnommé Jeff le couteau suisse. Quand vous êtes en studio avec lui lors d’une séance d’écriture, il joue de tous les instruments et chante. Jeff est musicien de formation alors que je ne connais rien du tout à la théorie. Il sait tout sur la musique et c'est un ingénieur fantastique. Je ressens la même chose à propos de Michael pour avoir travaillé avec lui.  

    Tu as sorti la grosse artillerie pour l’enregistrement de Guitars At The End Of The World (Gibson Les Paul, Fender, Charvel, Esp Tiger,…), ton deuxième disque instrumental. As-tu des idées préconçues pour la création d’un riff ou d’un solo ou est-ce un processus plus organique ? 

    Je n’ai jamais eu envie d’écrire quelque chose à l’avance et de l’apporter en studio. La seule exception est le solo de « Tooth and Nail » (Dokken) que j'avais élaboré à l'avance avec Geoff Workman il y a longtemps. J'ai écrit la plupart de mes chansons pendant les enregistrements des albums. Concrètement, j’emmène avec moi en studio mon ingé-son qui a en charge la programmation de la batterie, et nous construisons ensemble les musiques. A la fin de la journée, on doit avoir terminé une chanson. C’est la règle. L’ingénieur s’occupe des boucles de batterie et de basse pendant que je me charge des parties de claviers et de guitares ainsi que des extras.  

    George Lynch/Lynch Mob - Promo 2023

    N’as-tu jamais eu l’idée de fonctionner en solo à l’instar des Walter Trout, Gary Moore, Steve Vai, Joe Bonamassa, Joe Satrani, Pat Travers,…? 

    Non, ça ne m'a vraiment jamais intéressé parce que je suis un fan de groupes et j'adore jouer au sein d’une formation. Les musiciens qui m’accompagnent sont mes amis et ma deuxième famille. J'ai toujours aimé la camaraderie et les liens qui unissent les membres d’un groupe. Nous travaillons ensemble et réalisons quelque chose d’unique. Nous partageons aussi les bons et les moins bons moments en tournée.  On ressent quelque chose d’unique après la réalisation d’un disque.  J'adore ce sentiment et je ne veux pas le faire seul. Je me sens très bien ainsi.  Je suis en quelque sorte le chef du groupe et j'écris la musique, la partie instrumentale mais chaque membre a un rôle important.   

    Peux-tu nous présenter les deux petits nouveaux au sein de Lynch Mob ? 

    Jaron Gulino qui est maintenant le bassiste de Lynch Mob, gère les affaires quotidiennes presque comme un tour manager et même comme un manager. Il traite directement avec les promoteurs en ce qui concerne la logistique et le planning. Il a aussi en charge tout ce qui concerne le merchandising. Jaron m'a dit un jour que sa mission était de jouer de la basse dans Lynch Mob. C’est une aspiration étrange, mais louable, je suppose. Il me fait penser à mon ancien acolyte Anthony Esposito, qui aimait traîner avec les fans après chaque concert. C’est un gars vraiment très sympathique et un excellent musicien. Il s’est révélé être le remplaçant idéal de Rob De Luca qui a dû partir en tournée avec UFO en Europe. Gabriel Colón (chant) m’avait été recommandé par plusieurs personnes, mais pour une raison qui m’échappe je n’ai pas immédiatement prêté attention à lui, me focalisant sur d’autres chanteurs. Gabriel est plus introverti que Jaron. La majeure partie de son histoire est liée à la musique métal. Il est venu un jour chez moi en Californie du Sud. Tout le groupe était présent. Nous avons sorti les guitares acoustiques et entamé une jam pendant quelques heures et c'était magique. Et encore une fois, c'est une personne très douce, timide, pas un chanteur sous LSD (Rires). 

    Gabriel Colon/Lynch Mob

    Nous sommes tous très à l'aise ensemble. On s'éclate, on s’amuse, on travaille dur et on prend du plaisir sur scène, en particulier Gabriel, qui est selon moi un garçon unique. On découvre derrière cette personnalité très calme et timide, une bête de scène. Je veux garder avec moi ce line-up jusqu’en mars 2025. Ensuite ce sera la fin de l’aventure de Lynch Mob. Nous effectuerons probablement notre dernière grande tournée avec l’album Babylon. 

    Quelle importance accordes-tu à travailler avec de nouveaux talents comme Dino Jelusić et Gabriel Colon ? 

    Je suis davantage fan des chanteurs que des guitaristes. Je n’écoute d’ailleurs pas beaucoup d’albums de guitares. C’est la raison pour laquelle je travaille avec différents vocalistes. Le chant est selon moi l’instrument le plus pur. Il transmet directement les émotions du cerveau et du cœur vers l'oreille d'une autre personne, sans qu'un instrument physique n’interfère. Je pense que les instruments sont juste une émulation de la voix et de la batterie. Je créée souvent des chansons avec de tempos et de rythmes compliqués en utilisant simplement ma bouche. Celle-ci fait office de boîte à rythme. C’est comme ça que j'imagine un solo. J'utilise mes dents pour créer des beats. En fait, je fais ça depuis que je suis petit, ce qui m’occasionne des douleurs ridicules à la mâchoire et des maux de tête mais voilà, j’ai une batterie dans ma bouche (Rires). Et puis, Aretha Franklin vit dans ma tête. C’est la plus grande chanteuse de la planète. Donc, je ne joue pas pour le plaisir de la guitare, je joue pour le chant car c’est ce qui intéresse la plupart des gens. Ainsi, quand je lance dans un nouveau projet ou monte un nouveau groupe, la priorité numéro un est le chanteur. Je pense évidemment à Loni Logan, Doug Pinnick, Cory Glover, Michael Sweet, Bernard Fowler, Robert Mason, Dino Jelusić sans oublier Don Dokken. On dit beaucoup de chose à propos de Don et de ses capacités vocales à mesure qu'il vieillit, mais c'est un très bon parolier et un poète à certains égards. Ce sont des aspects importants pour moi. 

    « Nous effectuerons probablement notre dernière grande tournée avec l’album Babylon. » 

    Pour Babylon, avez-vous travaillé tous ensemble en studio ou selon les normes actuelles, à distance ?

    Tout s'est fait à distance, numériquement avec Pro Tools. J'ai évidemment à la maison, comme on peut s'y attendre, un studio centré sur la guitare avec une utilisation mixte de l’analogique et du numérique. J’ai mis 25 ans à le monter pour obtenir exactement ce que je voulais. Si l’on travaille à distance, c’est juste par nécessité parce que nous vivons dans des endroits éloignés et les budgets sont ce qu'ils sont aujourd’hui. Les séances de compositions se font toujours en présentiel. Nous nous réunissons toujours pour écrire et enregistrer les morceaux en temps réel et c'est plutôt cool.

    Et quels sont les futurs projets pour assouvir ta boulimie musicale ?  

    J'ai un contrat pour enregistrer un autre album de Dirty Shirley, mais je ne suis pas certain de le faire. Il y a des discussions en cours concernant un nouveau vocaliste. Sans Dino (Jelusić), je ne sais pas si cela a beaucoup de sens. Le troisième enregistrement de The End Machine est terminé et il sortira au début de l'année prochaine avec Girish Pradhan, un chanteur indien qui remplace Robert Mason. Cet artiste est époustouflant, tu verras ! Cet album atomise les deux précédents. Jeff (Pilson) et moi en sommes très fiers. Pour le moment, je compose déjà le 4è disque de Sweet-Lynch. Bref, j’ai de quoi justifier mes neuf heures syndicales par jour (rires). 

    Une interview à retrouver dans : Metal Obs' Janvier-Avril 2024

     Lynch Mob : Babylon Cover

    LYNCH MOB

     Hard Rock

     Frontiers Records 

    Un cran en-dessous du 3è album de Sweet-Lynch sorti également cette année sur le label Frontiers, Babylon reçoit néanmoins de notre part la mention « bien ». George Lynch semblait avoir tiré un trait définitif sur le nom Lynch Mob mais il s’est ravisé pour ce qui sera, sans doute, un dernier baroud d’honneur. Les quatre complices entretiennent des retours de flamme envoutants et un feu de camp ravageur dans la lignée de l’album éponyme sorti en 1992. Lynch préfère en effet jouer la carte d'un collectif assumé et laisser quand il le faut ses compagnons s'exprimer rendant ce skeud à la fois solide et intéressant. Même si la tessiture de Gabriel Colón est assez éloignée de ses prédécesseurs Oni Logan, Robert Mason ou Andrew Freeman, le jeune portoricain assure et rassure. A la fois exigeant et porteur d’une clarté mélodique, Babylon suscitera le plaisir chez les fans de Mr. Scary ! Signalons encore que la pochette avec son esprit baroque est tout simplement sublime. [Philippe Saintes]

     


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  • WINGER 

     Plan culte

    Neuf ans après l’excellent Better’s Days Comin’, Winger révèle Seven, un sep­tième album monstrueusement génial. Amateurs de bonne musique, ne passez pas à côté car cet opus va devenir cultissime. Parole de fan… [Entretien avec Reb Beach, guitare par Philippe Saintes – Photos : Christopher Carroll]

    WINGER 2023

    Pourquoi avoir atten­du aus­si longtemps pour sortir Seven, Reb ?  

    Ce n’était pas notre plan d’attendre neuf ans. Nous avons commencé l’écriture de Seven avant le covid mais la pandémie a rallongé tout le processus. Ensuite, nous avons chacun été impliqués dans une série de projets musicaux. J’ai enregistré un album solo, composé et joué sur les deux enregistrements de Black Swan et tourné intensément avec Whitesnake. Cela a donc pris du temps. Entre les premières sessions et la sortie de l’album, cinq ans se sont écoulés.

    Comment avez-vous abordé ce nouvel album ?

    C’est sans aucun doute notre disque le plus sombre autant en termes de musique que de textes. Kip a surtout composé des ballets ces dernières années et cette influence se ressent beaucoup. Il y a des chansons intenses et bouleversantes à la fois. L’écho est plus personnel. Mon univers musical se rapprochant davantage de Karma (2009), j’étais plutôt perplexe au départ. Finalement, je trouve l’album très bon. Le travail de production et le résultat final sont impressionnants de qualité.  

    Lorsque Winger s’est formé, vous veniez à peine de sortir de l’adolescence. Aujourd’hui vous êtes tous des parents et même des grands-parents. Qu’est-ce qui a changé fondamentalement ? 

    Pas grand-chose à vrai dire. On a toujours mené une vie normale. Nous n’avons jamais été comme les autres formations qui foutaient le bordel juste parce qu'elles pensaient que c'était ça, être rockn’roll. Je suis le seul de la bande à arborer un tatouage discret et à boire de la bière.  Il n’y a jamais eu de chambres d’hôtel saccagées, de bastons ou d’engueulades dans l’histoire de Winger. On n’est pas dans la tradition sex and drugs, probablement parce qu’on est un groupe de la côte Est. Mon premier groupe Fortune originaire de Fort Lauderdale était beaucoup plus sulfureux, haha ! Mon travail c’est jouer de la musique. J’aime écrire des chansons, les enregistrer mais c’est un hobby. J’ai la chance que ce soit encore ma vie.  Je serai bien incapable de me lever le matin pour aller bosser. 

    Reb Beach - 2023

    Le groupe a interprété le titre « Out for the Count » dans la BO du film Karaté Kid III en 1989. Que penses-tu de Cobra Kai, la série adaptée de la franchise ? 

    Je suis fan. J’adore le ton, l’humour, la nostalgie et surtout la bande-son des années 80 de la série. Elle inclut tout le monde d’AC/DC à Bon Jovi en passant par Poison, Ratt, Mötley Crüe, Def Leppard, REO Speedwagon ou Foreigner.  J’espère que l’on pourra aussi entendre une chanson de Winger dans un épisode de la prochaine saison, haha! 

    Comment as-tu découvert la musique et quelles sont tes principales influences ? 

    Grâce à mes parents. Mon premier instrument a été le piano. Je m’amusais très jeune à jouer les chansons de Kiss. Ensuite, j’ai appris sérieusement la guitare en reproduisant à l’oreille les chansons du premier disque de Molly Hatchet qui est accessible aux débutants.  Pour ce qui est des influences, j’apprécie énormément des figures comme Joe Perry, Eddie Van Halen, Ronnie Montrose ou Larry Carlton. J’ai grandi musicalement à l’écoute de ces légendes de la guitare.  

    « Mon univers musical se rapprochant davantage de Karma (2009), j’étais plutôt perplexe au départ. Finalement, je trouve l’album très bon. »

    Quelles sont les chansons qui représentent le mieux ta carrière, selon toi ? 

    J’interprète l’un des plus longs solos diffusés en radio dans les années ’80 sur « Headed for a Heartbreak ». J’ai produit mon meilleur solo sur « Witness », un titre de Karma. On peut entendre quelques-unes de mes envolées favorites sur Erase The Slate de Dokken. J’aime aussi les morceaux hommages à Ozzy (« I Don’t Know ») et Queen (« Fat Bottomed Girls »). J’ai réussi à jouer exactement les parties rythmiques de Randy Rhoads et Brian May, ce qui n’est pas évident. Parmi les favoris, il y a également la musique composée pour le groupe The Mob avec Doug Pinnick (King’s X). Il y a quelques improvisations sympas et j’adore la voix de Doug.  

    Winger a prévu de faire escale au Royaume-Uni en mai pour 7 concerts. Quid du vieux continent ?  

    À ma connaissance, tout est bouclée pour cette année. On jouera aux Etats-Unis, au Japon et en Australie mais pour le reste de l’Europe, il faudra certainement attendre 2024. Une tournée Whitesnake/Winger cela aurait fière allure, haha! 

    Une interview à retrouver dans : Metal Obs' Mai-Août 2023

     WINGER - Seven

    WINGER

    SEVEN

    Frontiers Records 

    Né à l’aube d’une décennie musicale généralement honnie par les fans et musiciens de la génération hair metal, Winger a survécu au grunge et à l’indifférence glaciale des principaux médias. Pour rappel, le groupe avait décroché la timbale avec un premier album éponyme (1988) et ensuite avec In The Heart Of The Young (1990). Kip Winger pouvait à la fois miser sur son talent de hit maker et sur son charisme pour emmener les New Yorkais dans le top 50 US. Le chanteur-bassiste est resté un compositeur inspiré, capable d’écrire un disque de compositions classiques contemporaines nommé aux Grammy Awards (Conversations With Nijinsky) et de produire un chef d’œuvre du hard rock comme ce 7è album de Winger. Les autres membres du groupe ne font pas de la figuration. Reb Beach (Whitesnake), qui a co-écrit la majorité des titres, illumine les compositions de sa guitare et chante même en duo avec Kip sur « It’s Okay ». John Roth a également participé à l’écriture. Si le spectre de la fin des années ’80 est toujours présent, la production au final démontre une modernité assez inattendue. Seven réserve également quelques surprises avec des chansons plus complexes mais irrésistibles du calibre de « Tears Of Blood », « One Light To Burn » ou « Voodoo Fire ». Voilà incontestablement le must-listening du mois. [Philippe Saintes] 

     

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  • REVOLUTION SAINTS

     Changement dans la continuité

    Nouveau line-up mais pas de grands bouleversements dans le son des Revolution Saints. Exit Doug Aldrich et Jack Blades, bienvenue à Joel Hoekstra (Whitesnake, TSO) et Jeff Pilson (Foreigner, Black Swan, The End Machines).  Ce 4è album séduira avant tout les amateurs de « pop dure ». [Entretien avec Joel Hoekstra, guitare par Philippe Saintes – Photos : Phil de Fer - DR]

       

    Deen Castronovo et Jeff  Pilson font figure de survivants suite à l'hécatombe des groupes de hard rock et A.O.R. entraînée par la vague grunge durant la première partie des 90s.

    Peu d’artistes peuvent se targuer d’un tel parcours, en effet. Je suis admiratif de leur carrière. De nombreux guitaristes auraient signé des deux mains pour jouer avec Jeff et Deen. Je les ai rencontrés pour la première fois lors de la tournée réunissant Night Ranger, Foreigner et Journey en 2011. On a pratiquement passé une année ensemble sur la route. Il y a directement eu un bon feeling entre nous. J’ai grandi dans le milieu du hard-rock des années 80 mais le grunge a été bénéfique en ce qui me concerne. Je venais de terminer mes études et je suivais des cours de guitare. Cette période a entraîné de gros changement dans l’industrie du disque. Je ressentais le besoin de faire d’autres choses, avec d’autres musiciens, d’essayer des styles différents pour devenir un musicien complet. J’ai vagabondé aux côtés de Kathy Richardson l’actuelle chanteuse de Jefferson Starship et de Jim Peterik (Survivor) qui m’a incorporé dans son groupe World Stage. Sans ces expériences, je n’aurais sans doute jamais auditionné pour Night Ranger et Whitesnake.

    As-tu participé aux sessions d’écriture de l’album Eagle Flight ou tout était déjà ficelé quand tu as pris le train en marche?

    Frontiers a fait appel à des compositeurs extérieurs. Alessandro Del Vecchio, avec qui j’ai travaillé l’an dernier sur l’album d’Iconic, m’a demandé d’écrire le riff du single « Talking Like Strangers ». J’ai imaginé celui-ci en pensant à Doug car il n’avait pas encore annoncé son départ des Revolution Saints. C'est donc par hasard si je suis crédité sur l'album comme compositeur. Il y aura davantage de titres écrits par moi et Jeff sur le prochain. Mais notre contribution sur Eagle Flight ne se limite pas à nos instruments. Je dirais que nous avons façonné la forme des chansons.  

    C’est la seconde fois que tu remplaces Doug Aldrich. Tout d’abord au sein de Whitesnake et maintenant dans les Revolution Saints.

    On nous compare souvent en raison de notre ressemblance. Nous avons tous les deux les cheveux blonds, haha ! Notre style est différent. Doug est davantage un spécialiste du picking alors que j’utilise la technique du jeu en legato et le tapping. J’adore Doug. Je le connaissais déjà avant d’intégrer Whitesnake. C’est devenu un bon ami. On s’est d’ailleurs appelé il y a quelques jours.

    Whitesnake a connu plusieurs incarnations et vu défiler de nombreux guitaristes prestigieux en son sein. Avec quel line-up de la grande période du groupe aurais-tu aimé jouer ?

    Personnellement, je préfère les premiers albums de Whitesnake avec Bernie Mardsen et Miky Moody car les chansons des années ’70 sont fantastiques.  Tu sais, ils n'essayaient pas d'écrire des tubes. C’était tout simplement un blues rock génial et solide. J'adore les premiers disques mais cela m’aurait vraiment plu de faire partie du line-up des années ‘80, quand ça a vraiment explosé aux États-Unis. Le groupe est devenu phénoménale et j’aurais bien aimé connaître cette période faste.  

    Joel Hoekstra - Tilburg 2019

     

    "Si David (Coverdale) souhaite faire un nouvel album, il sait qu’il peut compter sur moi. " 

    Quelle est la guitare électrique qui manque à ta collection ? Le Saint Graal !

    Alors, comme ma guitare principale est la Gibson Les Paul Goldtop 57, j’aimerais acquérir les modèles 56, 58 et 59. Les prix atteignant des sommets, je devrais toutefois vendre quelques pièces de ma collection avant d’envisager cela. J’essaye d’être raisonnable. Je joue dans des ambiances si variées avec le Trans-Siberian Orchestra (TSO) que je suis obligé d'utiliser sur scène des guitares différentes mais la Gibson reste ma préférée.

    Quelle va être ton actualité dans les mois avenir ? 

    J’effectue actuellement une tournée acoustique en duo avec Brandon Gibbs (Devil City Angels, Poison). Il y a une bonne interaction avec le public. Le troisième album de Joel Hoekstra’ s 13 sortira cet été. Mes amis Tony Franklin (Blue Murder, The Firm), Vinny Appice (Last In Line, ex-Dio, Black Sabbath) et Derek Sherinian (Sons Of Apollo, Black Country Communion) sont évidemment de la partie. Quant à Whitesnake, et bien je suis en contact régulier avec David Coverdale. On s’envoie des textos pratiquement tous les jours. Je n’ai pas de scoop à te donner. Si David souhaite faire un nouvel album, il sait qu’il peut compter sur moi.

    Tu as des racines néerlandaises comme l’un de tes prédécesseurs, Adrian Vandenberg.

    Je suis en effet hollando-américain. Mon héritage est ici aux États-mais tous mes proches sont originaires des Pays-Bas. Adrian Vandenberg a ouvert la voie aux Néerlandais blonds et de très grande taille au sein de Whitesnake (rires).

    Tu as aussi fait partie de Night Ranger de 2008 à 2014. Es-tu toujours en contact avec tes anciens camarades ? 

    Je suis davantage resté en contact avec Brad (Gilis) qu’avec les autres mais j’ai récemment revu Jack (Blades) à Prague lors de la tournée d’adieu de Whitesnake. Night Ranger venait de donner un concert pas très loin. Je peux dire que nous sommes restés en assez bons termes. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis mon départ et la vie est trop courte pour être vécue dans la rancœur. En ce qui me concerne, je n’ai aucun grief contre qui que ce soit. Je suis au contraire très fier d’avoir fait partie de Night Ranger pendant près de 7 ans. Cela m'a permis de passer du statut de musicien inconnu à celui d’une personnalité de la scène hard rock.

    Et qui t’a poussé à devenir guitariste ?

    Quand j'étais enfant et voyais ou entendais jouer Angus young, je me disais : « C'est la personne la plus cool que j'aie jamais vue. » Angus m'a donné envie de me mettre à la guitare. Très tôt, j’ai aussi eu d’excellents professeurs qui m’ont vraiment aidé. Mon premier prof de guitare m’a appris des chansons rock. Aller aux cours était excitant. J'ai dû apprendre Twinkle, Twinkle, Little Star (« Brille, Brille, Petite Étoile ») une chanson enfantine populaire anglaise. J’étais vraiment excité de pouvoir entrer et apprendre la musique que j’aimais. Mon deuxième professeur, T.J. était un excellent technicien. Connu pour ses albums de fusion, il m'a appris la théorie et les solos. Il avait une excellente méthodologie et il m’a poussé à maîtriser cet instrument. 

    Joel Hoekstra - live Tilburg 2019

    Quels sont les grands albums du rock qui t’inspirent ?

    Back In Black d’AC/DC qui fut une immense claque. C’est Angus Young qui m’a donné le goût de la guitare. Holy Diver de Dio, le Greatest Hits de Journey avec Steve Perry ainsi que les albums de Yes avec Tevor Rabin. The Wall de Pink Floyd bien sûr pour son côté épique. J’adore Operation Mindcrime de Queensrÿche et les enregistrements précédents du groupe comme The Warning ou Rage For Order. Je suis aussi fan de Thunder Seven de Triumph pour le chant et le jeu de guitare de Rick Emmet dont le style rappelle celui de Jimmy Page.

    Une interview à retrouver dans : Metal Obs' Mai-Août 2023

    Revolutions Saints Cover

     

     REVOLUTION SAINTS

     EAGLE FLIGHT

    Frontiers Records

    Bonne nouvelle pour les fans de Journey et plus particulièrement de Deen Castronovo. Pour ‘backer’ solidement le batteur à la voix chaleureuse, Frontiers à une fois encore fait appel à de vieux serviteurs de la maison de disques italienne (Hoekstra et Pilson). Ces gars-là se connaissent bien et l’alchimie est immédiatement évidente. Chansons mid-tempos, ballades, morceaux entraînants…les amateurs de rock mélodiques y trouveront leur bonheur tout simplement parce que les Revolution Saints font marcher le photocopieur. La remarque est la même que celle formulée il y a quelques mois concernant le dernier album de Giant, c’est extrêmement bien joué toutefois l’ensemble manque de spontanéité. Le jeu de guitare fulgurant de Joel Hoekstra nous touche le plus sur ce Eagle Flight pas indispensable mais pas non plus inintéressant. Titres à écouter en priorité : « Eagle Flight », « Talking Like Strangers », « Kids Will Be Kids » et « Crime Of The Century ». [Philippe Saintes]

     

     


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  •   THE ANSWER

     Les boys sont de retour

    Invité cette année au Graspop Metal Meeting, The Answer reste l’un des groupes les plus importants d’Irlande du Nord. Malgré un break de plusieurs années, ses membres sont restés aussi soudés qu’un trèfle à quatre feuilles. Le nouvel opus Sundowners, qui est sorti le jour de la Saint Patrick (cela ne s’invente pas), montre l’aptitude du quatuor de composer des chansons fédératrices. [Entretien avec Paul Mahon, guitare par Philippe Saintes – Photos : Deady Pix + DR] 

    The Answer 2023

    Le groupe sort d’une pause de plus de six ans. Doit-on mettre cette absence sur le compte de la lassitude après la dernière tournée ?  

    Je pense que c’est avant tout l’échec de notre précédent disque Solace qui est à l’origine de cette longue interruption. C’est un opus différent des cinq albums précédents. Il est plus posé. Cela reste un choix du groupe plutôt qu’un concours de circonstance. Les avis ont été mitigés à sa sortie, certaines personnes ont aimé le concept, d’autres pas du tout. On était clairement dans une impasse. Avec le temps, les sceptiques ont commencé à changer d’avis surtout pendant la tournée promotionnelle.  Initialement, on comptait faire un nouvel essai en studio pour convaincre les auditeurs les plus récalcitrants mais avec le recul on a appris à mieux connaître l’attente du public. Cette désillusion a beaucoup affecté le groupe. On était arrivé au bout d’un cycle : 20 ans de collaboration et six albums. Notre contrat avec Napalm Records se terminait et, honnêtement, nous n’avions pas envie de repartir à zéro après un échec. Il y a donc eu un compréhensible essoufflement de notre part. Aux soucis professionnels se sont greffés des évènements plus personnels, comme la naissance de mon premier enfant. Il était clairement temps de mettre le groupe en mode pause.

    Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ?

    Je me suis installé à Paris en 2017. J’ai continué à vivre ma passion pour la musique mais autrement. J’ai produit plusieurs artistes et mixé des albums. C’est quelque chose que j’aime faire et que je compte poursuivre plus fréquemment aujourd’hui. Je suis ensuite retourné en Irlande du Nord pour travailler dans mon home-studio, près de ma famille. J’ai écrit des chansons avec d’autres personnes, collaboré avec Micky (Waters, bassiste) sur un projet de musique électronique ainsi que sur des musiques de film.  Il n’y avait plus ce rythme infernale des vingt dernières années.  Lorsque tu es dans un groupe, il y a une pression constante. Tu sors un disque puis tu enchaînes avec une tournée et ensuite tu commences à travailler sur un autre album et ainsi de suite. Cela laisse peu d’espaces libres.  

    On vous sent libéré. Sundowners semble être l’album de la maturité.

    Le mot maturité est banni dans le milieu du rock’n’roll (rires). Mais tu as raison, on est désormais plus patient. Cela n’a pas toujours été le cas. Je me réjouis d’être de retour au sein de The Answer. C’est la même chose pour Cormac (Neeson, chant) qui a sorti un album solo. Nos projets respectifs ont été une bouffée d’air car c’était nouveau. Grâce à cela l’esprit de groupe a été ravivé. C’était un nouveau départ en quelque sorte. Lorsque nous sommes entrés en studio, nous avions quinze ou seize compositions sur la table. Trois au quatre titres phares ne se sont pas retrouvés sur l’album parce que stylistiquement ils ne convenaient pas à l’esprit de Sundowners. On a opté pour « Get On Back » par exemple, qui n’a aucune chance de passer en radio mais c’est une chanson funk qui s’intègre parfaitement au reste. On a vraiment pris le contrôle de notre destin. Nous avons ignoré les voix extérieures et les avis non sollicités pour revenir à l’essence du quatuor. Cela exige beaucoup d’efforts et d’attention, mais au moins, tout t’appartient et la source de plaisir est énorme. 

    Des chansons comme « No Salvation », « All Together », « Get On Back » et « Cold Heart » font ressortir vos influences soul et blues.

    On a déjà touché à ces ambiances auparavant mais peut-être pas suffisamment. On a construit des airs de gospel et utilisé un orgue Hammond. L’angle soul de ce disque est quelque chose dont nous sommes fiers. L’évolution est venue du fait que nous avons eu plus de temps pour travailler tous les éléments que nous étions en train de composer, d’écouter les idées des autres. Notre approche est bien meilleure maintenant.

    The Answer- Raismes Fest 2016

    Musicalement vous êtes tous les quatre irréprochables. Est-ce là votre meilleur disque à ce jour ?

    C’est une bonne question. Je te répondrai que le prochain sera meilleur encore (Rires). Il fait en tout cas partie de mon top trois avec Rise et Revival. Sundowners constitue certainement une pierre angulaire de la carrière de The Answer. Le fait d’avoir eu Dan Weeler comme producteur nous a vraiment aidés à réaliser un album organique. Il n'a été enregistré que sur 16 pistes. C’est sûrement cela qui donne cette impression de son naturel. Il y a également un peu moins de guitares. Le but était de créer suffisamment d'espace pour tout le monde.

    Le titre éponyme « Sundowners » est un blues incandescent qui ne manquera pas d’enflammer la fosse.

    C’est aussi mon avis. C’est l’une des dernières chansons que nous avons enregistrées. Elle fait partie de la session finale. C’est un morceau assez simple influencé par T-Rex. Nous ne sommes plus effrayés de proposer un style agressif saturé de guitares. Dan m’a donné un sentiment d’enthousiasme et de curiosité renouvelé dont j’avais besoin. Ce fut un grand plaisir de travailler avec lui. Grâce à ses encouragements, j’ai utilisé pour la première fois une Stratocaster sur un album, à la place d’une Les Paul afin d’obtenir un fuzz dynamique.  On peut entendre et voir cette guitare sur la vidéo de « Blood Brothers ». Elle était avec moi quand j'ai déménagé à Paris. Il y a beaucoup de Strat et de Telecaster sur l’album. Pour le morceau « California Rust », j’ai joué sur une Les Paul mais j’ai ajouté l'aspect plus mordant de la Telecaster sur l’overdub.

    Combien de titres de cet album comptez-vous jouer en concert ?

    Nous avons donné un concert un peu avant Noël pour Planet Rock une station populaire de Londres. Pour ce premier show en six ans, on a interprété trois nouveaux titres : « Blood Brother », « Sundowners » et « Livin' On The Line ». On est très excité de pouvoir jouer davantage de morceaux de l’album. En fait, on a appris et répété toutes les chansons. Mes favorites sont « Sundowners », « California Rust », « Blood Brothers », « Want You To Love Me», « All Together », « Always All right »,  « No salvation » et « Cold Heart ». 8 à 9 morceaux devraient figurer sur la setlist. Tout dépendra de la durée du concert.  

    « Nous avons ignoré les voix extérieures et les avis non sollicités pour revenir à l’essence du quatuor. »

    « Always Alright » est un mélange de country-blues et de gospel. Qui a eu l’idée de cette chanson ?

    Micky et Cormac ont écrit « Always Alright » ensemble. Les studios (Middlefarm studios) se trouvaient au milieu de la campagne dans le sud-ouest de l’Angleterre, près de Cornwall, à plus de deux heures de route de Bristol. Après chaque enregistrement, on se rendait dans une pièce dans laquelle il y avait une impressionnante collection de vinyles. On a mis notre nez dans tout. On a clairement été influencé par les disques que nous écoutions chaque jour. « Always Alright » est un mix de Crosby, Stills and Nash et des Stone Roses. C’est assez déroutant pour les fans de base de The Answer. Le rythme de départ était plus rapide. Puis, on a entendu un bootleg de Donny Hathaway avec un tempo de batterie lent et un groove incroyable. Après le déjeuner, j’ai pris une guitare et commencé à jouer sur un ampli Fender Princeton. J’ai entamé une séquence d’ouverture et Jay a commencé à taper le même rythme à la batterie que le morceau de Donny Hathaway. Il était deux fois plus lent par rapport à la première prise. Notre ingénieur du son, Peter Miles, a alors quitté la table de mixage et s’est mis à l’orgue Hammond. On est parti dans une improvisation totale, ‘Pete’ ayant appris le morceau à la volée. La troisième prise a été la bonne. Cette spontanéité, nous ne l’avions pas à nos débuts.   

    En parlant de spontanéité, est-ce que tu écris les solos, ou laisses-tu de la place à l’improvisation en studio ? 

    La plupart des solos de Sundowners ont été écrits. Nous avons joué dans les conditions live sans une multitude d’overdubs. Ce sont toutes des premières, deuxièmes ou troisièmes prises. Par conséquent, je savais où je devais commencer et où je devais terminer.  

    The Answer 2016

    On est impatient de vous voir sur scène au printemps sur le continent.

    Ce n’est pas une tournée massive. Elle ne durera que trois semaines avec un lancement en Angleterre mais la réponse à notre premier single « Blood Brother » a dépassé toutes nos attentes. Nous n’avons jamais eu autant de passages en radio en Allemagne auparavant. La couverture médiatique a été importante en France. Je n’oublie pas les Pays-Bas, le premier pays où nous avons joué en dehors du Royaume Unis. C’était à l’occasion de l’Eurofestival en janvier 2006. Je m’en rappelle parfaitement car auparavant je n’avais quitté l’Irlande qu’à deux reprises durant mon adolescence, à l’occasion d’un match de football disputé par Manchester United à Wembley et pour le GP de F1 de Silverstone. Je n’avais jamais mis un pied sur le Continent. J’avais dit à mes copains qu’un jour j’allais sillonner l’Europe et les Etats-Unis avec mon groupe. Ils m’ont répondu : « Tu rêves mon vieux »! Tu peux imaginer ma fierté lorsque je me suis retrouvé sur cette scène en Hollande. On a régulièrement donné des concerts là-bas. Je suis vraiment impatient d’y retourner.

    N’est-il pas difficile aujourd’hui d’exister en tant que groupe de rock alors que la majorité écoute du R&B ou du rap ?

    Si bien sûr. C’est une situation à laquelle nous avons dû faire face pendant une bonne partie de notre carrière, excepté à nos débuts. Au moment de signer notre premier contrat, une nouvelle vague rock émergeait. Je pense à des groupes comme The Darkness et The Datsuns qui étaient diffusés sur Radio 1, la plus importante chaîne au Royaume Uni. Suite à la reformation de Led Zeppelin (pour un concert), l’hystérie était collective. Il y avait à l’époque un regain d’intérêt chez les jeunes pour ce genre de musique. Toutefois, cela n’a pas duré bien longtemps. Après la vague initiale, au moment où nous avons ouvert pour AC/DC, le soufflet est vite retombé. Le rock a rapidement perdu le soutien de la sphère médiatique traditionnelle. J’ai consacré beaucoup d’énergie et mis toute mon âme dans le groupe pendant 20 ans. L’absence prolongée de perspective crédible de reconnaissance est une source de frustration et en même temps une source de motivation et de combat pour les formations rock qui tentent d'exercer leur art. Cormack, Micky, James et moi avons appris à surmonter ce manque de notoriété durant notre « pause carrière ». A présent, je ne m’inquiète plus de savoir si l’album va bien se vendre ou si Sundowners va se hisser dans le top des classements ou décrocher des certifications.

    Pour conclure, avec quels guitaristes irlandais prendrais-tu le plus de plaisir à jouer. Ton top 5 ?

    Je n’ai pas un classement bien précis mais j’aurais évidemment trouvé du plaisir à jouer avec Rory Gallagher qui est un génie et une légende vivante pour tous les musiciens Irlandais. Il sonne comme une évidence quand on évoque les racines blues de The Answer. Nous avons repris certaines de ses chansons et joué au festival international qui rend hommage à son œuvre, dans le comté de Donegal. J’ai commencé à jouer de la guitare électrique quand Rory est décédé en 1995. Je ne connaissais pas grand-chose de sa musique à ce moment alors je me suis progressivement intéressé à ses albums et aux enregistrements son groupe, Taste. Mon père et son band ont eu la chance de jouer avec John Wilson (batteur de Taste). Il y a donc une connexion avec Rory. Sa musique, c’est de l’émotion pure, mes influences ont toujours été ce genre de guitariste. Rory Gallagher est un musicien sous-estimé qui mérite de se retrouver au panthéon des plus grands aux côtés de Stevie Ray Vaughan et Jimi Hendrix.

    J’ai toujours eu beaucoup de respect également pour Gary Moore qui est né à Dundonald, dans la banlieue de Belfast. Ce n’est pas très loin de chez moi. C’est un guitariste phénoménal. C'est surtout son jeu très personnel lorsqu’il était membre de Thin Lizzy, qui m'a le plus marqué, notamment sur Black Rose. Sa carrière s’est envolée suite au succès des albums Still Got The Blues et After Hours mais il ne faut pas oublier son travail avec Lizzy et ses albums solos. Il a touché à tous les genres durant sa carrière. Je l’ai rencontré lors d’un concert au Royal Albert Hall. The Answer ouvrait pour Paul Rodgers (Free, Bad Company). Gary Moore est venu jouer sur trois chansons à la fin du set. Je me vois encore assis avec Cormac regardant Paul et Gary interpréter « The Hunter » pendant le soundcheck. Ils communiquaient entre-eux sur la façon d’interpréter la chanson et Gary est parvenu à jouer le solo de la même façon que Paul Kossoff (guitariste de Free). On s’est regardé Cormac et moi et on s’est dit « Waouh ! On est témoin de la rencontre de deux monuments au Royal Albert Hall. Quel honneur ! » Nous avons eu le plaisir de discuter avec eux. J’en garde un excellent souvenir !

    En troisième position, cela peu paraît plus surprenant, je place The Edge. C’est un guitariste que j’ai beaucoup écouté quand j’étais jeune. James, notre batteur, est un fan invétéré de U2. Durant l’enregistrement de Sundowners, on écoutait en boucle « When Love Comes To Town », le titre enregistré en duo avec BB King, et « Unforgettable Fire ». Le style de The Edge est très particulier avec de multiples effets de slides et d'harmoniques, ainsi que des rythmiques mélodiques. Je suis impressionné par la façon dont il « remplit les espaces » en concert dans les stades. Pour l’anecdote, ‘Pete’ Miles a pris une photo de moi en noir et blanc qu’il a collé sur le dos de la couverture de Unforgettable Fire. Tu peux voir ce montage à l’intérieur de la pochette ou le vinyle de Sundowners, si tu as de bons yeux. (Il rit.)

    Parmi les nouveaux, ou disons les moins anciens, je trouve du plaisir à écouter Tim Wheeler du groupe Ash. Il est comme moi originaire de Downpatrick. Je me souviens l’avoir vu jouer alors qu’il n’avait que quinze ou seize ans et moi treize à peine. Déjà, à ce moment il m’a impressionné comme guitariste mais aussi en tant qu’auteur et chanteur. Il est catalogué comme artiste commercial ou de rock indé mais c’est avant tout un fabuleux guitariste qui a une tonalité bien à lui. J’ai joué avec Tim sur une chanson de Ash « Shining Light » lors d’un concert donné au Ulster Hall de Belfast avec l’Orchestre d'Ulster. Nous avons aussi repris « Stairway to Heaven », le classique de Lez Zeppelin sur lequel il a utilisé une guitare à double manche douze cordes.  C’est un grand talent. Enfin, je n’oublie pas Vivian Campbell. Ce n’est pas facile de quitter Belfast avec une guitare comme seul compagnon, et je sais de quoi je parle. Vivian a saisi sa chance et il s’est retrouvé sur Holy Diver, l’album légendaire de Dio. Grâce à son travail avec Ronnie James Dio, il a amené le feeling du classic rock dans le heavy metal, un courant qui commençait à émerger à l’aube des années ’80. Je peux entendre des influences de Jimmy Page, je pense notamment au morceau « Achilles Last Stand », mixées avec la technique typée de cette époque. Viv est toujours au sommet avec Def Leppard, 40 ans plus tard. Chapeau !  

      

    THE ANSWER

    SUNDOWNERS  

    Golden Robot Records 

    The Answer - Sundowners cover

    Si vous cherchez une galette qui a toutes les qualités du hard rock bluesy aux effluves 70’s, quelque chose de solide et que l’on peut décemment recommander à ses amis, un disque d’un groupe complet, possédant un chanteur digne de ce nom, un guitariste qui ne l’est pas moins et une rythmique qui n’est pas non plus en reste, alors le nouveau The Answer vous tend les bras. Que ce soit sur « Oh Cherry » ou sur « California Rust », le groupe va à l’essentiel avec des riffs costauds, une ambiance sympathique et un état d’esprit positif. Le farouche « Want You to Love Me » montre que les rockeurs sont toujours enragés. « Blood Brother » le single possède un impact groovy et chaleureux comme en témoigne son succès sur les radios de Classic Rock. Le psychédélique « Sundowners » qui ouvre l’album et l’envoûtant « Alway Alright » qui le clôture sont deux joyaux regorgeant d’idées sonores. Si les backing vocaux contribuent à la folie de l'ensemble, on ne manquera pas de souligner l’apport du claviériste Jonny Henderson, connu pour son travail avec le guitariste de blues Matt Schofield.  Celui-ci est aussi à l’aise à l’orgue Hammond qu’au piano électrique (Fender Rhodes ou Wurlitzer) ou encore avec le clavier Vox Continental utilisé sur « Blood Brother ». La démarche de Sundowners se place dans la droite lignée des œuvres de Rival Sons et Thunder. Alors si cette musique est votre tasse de thé, ne négligez pas le gobelet de Whiskey qui se cache derrière. [Philippe Saintes] 


     

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     LEE AARON

     Les réseaux (a)sociaux

    S’il y a bien une chronique pour laquelle on peut se permettre des écarts d’objectivité, c’est celle du nouvel album de Lee Aaron. Puissance subtile, explosion contrôlée, équilibre absolu, sans surprise, on est fan ! Cette chronique est donc un éloge assumé à l’artiste canadienne. [Entretien avec Lee Aaron, chant, par Philippe Saintes – Photos : Theresa Mitchell]

    Lee Aaron - promo

    Je trouve qu’ Elevate offre un panorama des nombreux styles qui ont émaillé tes précédents albums.

    Ça me fait plaisir que tu me dises ça. Mes goûts musicaux sont très variés. Je reste encore aujourd’hui influencée par ce que j’écoute. Billie Eilish par exemple est une chanteuse et une productrice talentueuse. Elle a ouvert une nouvelle voie dans la musique en alliant le blues, la pop et le hip-hop. Un magazine allemand m’a récemment demandé mon top 5 des albums qui ont changé ma vie. Parmi ceux-ci, j’ai cité Physical Graffiti de Led Zeppelin pour ses ambiances et couleurs sonores. C’est un patchwork que j’adore et aussi que j’aime faire. Il y a une touche rock sudiste sur « Still Alive ». « Elevate » et « Heaven’s Were We Are » sont des morceaux de rock modernes tandis que « Rock Bottom Revolution » propose des riffs blues rock accrocheurs façon AC/DC. Cette force musicale provient surtout de la cohésion du groupe. Cela fait plusieurs années maintenant que je joue avec les mêmes musiciens.

    Tu as enregistré quatorze titres mais seulement dix figurent sur Elevate. Que comptes-tu faire des quatre morceaux écartés ?

    « What Would Jesus Drink », « Blood Money », « The Heart Wants What It Wants » et un quatrième titre dont j’ai oublié le nom, se trouvent en sécurité sur mon ordinateur.  Je ne sais pas encore où ils aboutiront. Peut-être sur une compilation ou un EP. Ce sont d’excellentes chansons mais comme nous souhaitions sortir une version vinyle de Elevate, nous ne pouvions pas y mettre plus de 45 minutes pour éviter de « serrer » les microsillons.

    Le titre éponyme Elevate est une critique sur les réseaux sociaux et leurs effets pervers. Tu sembles très sceptique par rapport à l’évolution de ces outils technologiques.

    Je pense qu’il faut effectivement s’inquiéter de la façon dont les réseaux sociaux ont pu modifier et transforment encore nos comportements, nos interactions. Je fais souvent référence au film The Truman Show avec Jim Carrey, l’histoire d’un type qui vit dans sa bulle.  Nous faisons la même chose en nous réfugiant sur Facebook, Google, Instagram,... Le problème se situe dans les algorithmes qui nous manipulent d’une certaine façon. On prend l’habitude de se connecter avec des personnes qui ont les mêmes croyances. Je pense qu’il est plus intéressant de discuter avec des personnes qui n’ont pas la même opinion afin d’avoir une vision plus large. C’est le message d’Elevate.

    « Rock Bottom Revolution » est un hymne de stade. C’est une chanson qui incarne un certain mouvement de rébellion, non ?

    C’est en quelque sorte un appel aux armes pour dire ‘stop’ à cette situation ridicule. On retrouve la même rhétorique que pour « Elevate ».  Les paroles condamnent le manque d’ouverture. C’est aussi une critique par rapport à la jeune génération à l’épiderme fragile qui censure tout ce qui l’offense. Ce n’est pas dans ma culture de penser et d’agir comme ça !

    Lee aaron promo 2

    Quelles ont été les sources d’inspiration pour les titres « Still Alive » et « Freak Show » ?

    « Still Alive » fait référence d’une manière très large à notre façon de continuer à avancer. Les pires choses nous tombent dessus mais Il faut, quelque part, accepter de vivre avec. Nous sommes des survivants. « Freak show » est l’une des quatre chansons enregistrées live durant le Covid à Vancouver. Un mini concert baptisé Rockin’ From Home.  Nous avons joué nos parties chacun à notre tour en étant filmé et cela a donné une vidéo en mode confiné qui communique à nos fans de la bonne humeur. Nous avons repris à cette occasion la chanson « Everyday People » de Sly and the Family Stone. J’ai été inspirée par les paroles de ce morceau qui parle d’égalité. Lorsque Sean m’a envoyé le riff de « Freak Show », j’ai voulu écrire une musique aussi fun. Nous sommes tous des phénomènes dans ce monde étrange. Tous les êtres sont égaux et particulièrement différents, c’est le thème de la chanson.

    Tu n'as pas pu promotionner l’album Radio On ! en 2021 à cause de la pandémie. Comptes-tu ajouter des chansons des deux derniers disques à la setlist lors de la prochaine tournée ?

    Et bien, tout dépendra de la durée du show. Dans le meilleur des cas, si je suis en tête d’affiche, je ferai un set de 90 minutes. Evidemment, j’interpréterai des chansons plus anciennes car c’est toujours intéressant de jouer la carte de la nostalgie, tu ne crois pas ? « The Metal Queen », « Whatcha Do to My Body »,… des titres que les fans veulent entendre en concert. Donc, on ne touchera pas aux classiques mais quand je fais la promotion d’un nouvel album alors effectivement je choisis au moins deux titres qui seront interprétés live. C’est amusant d’évoquer Radio On ! parce que le public a réclamé des chansons de cet album qui n’étaient pas nécessairement les singles. Ainsi, on joue « Soulbreaker , « Vampin » et « Soho Crawl». Pour Elevate, il y a plusieurs titres que le groupe aimerait interpréter lors de la tournée 2023. « Rock Bottom Revolution » en fait partie. Pour le reste rien n’est encore décidé.

    Avec le temps, ressens-tu une forme d’évolution au niveau de la tessiture de ta voix et dans ta façon de chanter ?

    Lorsque j’ai fait diversion à la fin des années en me tournant vers le jazz et le blues, je me suis vraiment fait plaisir. J’étais à la recherche des racines du rock’n’roll. Je suis devenue à ce moment une meilleure chanteuse, une meilleure compositrice et une meilleure productrice. Je n’ai pas peur aujourd’hui d’explorer de nouvelles choses avec des intonations plus bluesy. La plupart de mes chanteurs préférés, Robert Plant, Ian Gillan, David Coverdale à ses débuts ou Paul Rodgers de Bad Company, ont tous une culture blues. Ces artistes sont représentatifs de l'éclectisme musical. Je prends désormais la liberté d’interpréter de nombreuses chansons de cette manière, c’est une sorte d’émancipation vocale. Et puis, je parviens toujours à atteindre des notes hautes. Je peux d’ailleurs chanter de façon agressive comme sur Diamond Baby Blues. J’ai appris avec le temps qu’il n’était pas nécessaire de chanter de façon extrême tout le temps pour obtenir une bonne dynamique et d’être efficace. Donc, oui on peut dire que j’ai actuellement un registre vocal plus étendu.

    N’envisages-tu pas d’enregistrer un nouvel album de jazz dans le futur ?

    Il ne faut jamais dire jamais. C’est l’une de mes expressions favorites. Après avoir élevé mes enfants et mon come-back musical en 2016, j’ai pris énormément de plaisir à enregistrer à nouveau des chansons rock. Je suis très inspirée en ce moment. Mais qui sait ? Peut-être lorsque j’aurai 70 ans, je me dirai qu’il est temps de sortir un autre album de jazz. En fait, je n’aime pas m’imposer des limites. Je le ferai certainement mais quand je jugerai le moment opportun. Je viens de voir Bruce Springsteen parler de son album de reprises soul dans l’émission télé de Jimmy Fallon. Je trouve que c’est une bonne idée car sa démarche a le mérite de donner envie d'écouter les originaux!

    Lee Aaron band 2023

    Un fan a récemment créé une figurine Pop unique à l’effigie de la Metal Queen, ton alter ego. Quel est ton sentiment ?

    En fait, j’ai moi-même découvert ce modèle sur internet. La Metal Queen a même eu droit à une figurine en Lego. En réalité, j’ai une relation amour-haine avec tout cela. Je trouve génial d’être une référence pour une génération après 40 ans de carrière. Des fans ou des critiques voudraient m’entendre chanter du hard rock 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Je peux le faire bien sûr mais en tant qu’artiste j’ai beaucoup plus à monter dans ma vie et sur le plan professionnel. Pour certaines personnes, je resterai éternellement la pin-up fantasy de débuts et cela me chagrine. Le journaliste du magazine Classic Rock qui a fait la chronique du nouvel album le trouve trop pop.  Suis-je censée faire toujours la même chose ? Non bien sûr ! Je suis mon propre patron. J’aime découvrir de nouveaux horizons, écrire, produire et enregistrer de nouvelles chansons. Je veux tout simplement continuer à faire ma musique. Bien entendu, je ne peux pas satisfaire tout le monde.

    Y a-t-il des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer dans le futur ?

    Jack White ! C’est l’un de mes guitaristes actuels préférés. Il est absolument incroyable.

    Es-tu toujours en contact avec John Albini, ton ancien guitariste et co-auteur ?

    Oui. Il vit à Nashville. Il travaille dans la production et il possède son propre studio appelé Sonic Eden. Nous sommes toujours amis. Il est formidable. Je l’adore !

    « Je suis devenue une meilleure chanteuse, une meilleure compositrice et une meilleure productrice. Je n’ai pas peur aujourd’hui d’explorer de nouvelles choses avec des intonations plus bluesy. »

    Quels sont tes prochains projets. Travailles-tu toujours sur tes mémoires ?

    Oui, oui. J’ai écrit un passage justement la nuit dernière. Depuis que je me suis lancée dans cette autobiographie, j’ai sorti deux albums studios et plus récemment, j’ai déménagé. Cela a interrompu le processus. J’ai repris l’écriture mais je ne me mets pas trop de pression pour ce défi. Cela sortira bien assez tôt. Je veux surtout écrire un livre qui ait du sens. Ce sera un ouvrage complet sur mes expériences.  

    Sean Kelly, le guitariste de ton groupe a écrit un bouquin sur le scène rock au Canada durant les années ’80, Metal on Ice : Tales from Canada's Hard Rock and Heavy Metal Heroes. Quels sont justement tes cinq artistes canadiens favoris ?

    Oh, boy ! Rush est le premier nom sur ma liste. C’est un groupe sous-estimé en terme de récompenses mais aucune formation ne sonne comme Rush. C’est à mon avis, le plus grand groupe de rock canadien. J’aime bien la musique de Max Webster. J’étais une fan lorsque j’étais adolescente. Et puis, il y a les Guess Who de Burton Cummings. Les premiers albums sont uniques. Du côté féminin, je pense avant tout à Alanis Morissette. Je crois avoir quelque peu pavé la route pour elle dans les années ’80.  Son premier grand succès international Jagged Little Pill a changé beaucoup de choses pour les filles qui se sont lancées dans la musique. Alanis a été une grande source d'influence dans les nineties grâce à un style innovant.  Je n’oublierai évidemment pas Joni Mitchell qui est une véritable icône. Elle a été une pionnière en tant qu’auteure-compositrice-interprète. Personne ne peut se comparer à Joni Mitchell.

    Une question plus difficile. Quels sont les 5 titres de ton répertoire que tu préfères ? 

    Honnêtement, je ne citerai pas mes tubes car je m’en lasse vu que je les joue tout le temps. La ballade « Private Billie Holiday » de l’album Beautiful Things, est probablement la meilleure chanson que j’ai écrite.  J’ai aussi un faible pour « Twenty One » que l’on trouve sur Radio On ! mais également « Heart Fix » de Fire and Gasoline. Hmm ! Probablement « Emotional Rain » de l’album éponyme. Et la dernière,… Mon Dieu c’est dur !  « Diamond Baby Blues » je pense.  Quand on joue cette chanson en concert, il y a toujours une réaction positive du public. Même ceux qui ne la connaissent pas tapent des pieds et des mains. « Diamond Baby Blues » procure une émotion qui me fascine.

    Lee aaron promo 3

    Tes enfants ont-ils apprécié le dernier album ? 

    Jimmy Fallon a posé la même question au Boss hier. Je pense que mon fils et ma fille sont arrivés à un âge où ils commencent à réaliser ce que le travail de maman et papa est plutôt cool. L’été dernier, ils nous ont accompagnés lors de grands festivals au Canada. Ils ont été surpris de voir tous ces gens de la sécurité autour de nous. Ils se sont dit « Woohh ! Nos parents ont une certaine renommée au pays. » Ils commencent à comprendre notre activité.  Mais il y a encore un an ou deux, ils ne s’intéressaient pas à notre musique. C’était plutôt « fait moi un sandwich au beurre de cacahuètes m‘man ! » J’étais la mère sandwich (rires).

    A-t-on une chance de te voir en 2023 en Europe ?

    Cela devient de plus en plus compliqué pour les groupes nord-américains de se produire en Europe à cause des coûts du carburant et aussi les hôtels qui deviennent hors de prix. Nous pouvons juste espérer pouvoir participer à des festivals décents. Je croise les doigts. On travaille actuellement avec notre agent afin de traverser l’Atlantique. J’adore la France et je garde un excellent souvenir de notre concert à Vouziers, à l’occasion d’un petit festival. Le public et les organisateurs étaient très sympathiques. J’aimerais sincèrement revenir jouer chez vous cette année !

     Lee Aaron - Elevate cover

     LEE AARON - ELEVATE

     Hard Rock

     Metalville

    Elevate est marqué du sceau de l'exigence. L'ambiance est tantôt rythmée (« Trouble Maker ») tantôt torride (« Highway Rome »). Le refrain de la plage d’ouverture « Rock Bottom Revolution » nous rappelle les chansons vintage des premiers albums de la Metal Queen. Rien n'est fait au hasard et les mélodies sont définitivement riches et prenantes, comme sur le très bon « Freak Show » ou la ballade dansante « Red Dress » interprétée avec l’aide de la violonise Karen Barg (Transiberian Orchestra). Elevate se veut souple et inattendu. Lee s’amuse, s’essaie dans de nouveaux territoires musicaux sans pour autant perdre son identité artistique. Elle sait ce qu'elle veut, et sa musique ne baigne jamais dans une mièvre facilité. Même l’électrisant « Spitfire Woman », l’histoire vraie d’un maricide, ne met pas en défaut le travail mélodique du disque. Décidément il se passe toujours quelque chose avec Lee Aaron depuis son retour sur la scène rock. La chanteuse et son groupe surprennent mais ne déçoivent jamais. Dès lors, il serait dommage que vous ne fassiez pas l'effort de vous laisser embarquer par le rock absolument lumineux de Elevate.


     

     

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    HEROES & MONSTERS

    Le trio de l’étrange

    Formation improbable que celle réunissant le guitariste Stef Burns (Y & T, Alice Cooper, Huey Lewis & The News), le bassiste/chanteur Todd Kerns (Slash ft. Myles Kennedy & The Conspirators) et le batteur Will Hunt (Evanescence) et pourtant un réel projet musical est né grâce à la réalisation d’un album imparable. [Entretien avec Todd Kerns, chant/basse par Philippe Saintes – Photos : Enzo Mazzeo]

    HEROES & MONSTERS : Promo

    Heroes & Monsters est un jeune projet. Comment est-il et avec quelle volonté ?

    Le groupe est né à l’initiative de Stef et Will. Ils cherchaient un chanteur et un bassiste. Finalement, j’ai été sollicité pour l’enregistrement de l’album. Visiblement, ils aimaient bien mon style (rires). Will est un ami. En revanche, je ne connaissais Stef que de réputation. C’était avant tout un retour dans le jeu pour tous les trois après deux années de covid. La situation a nourri le processus. Nous avons travaillé selon la norme actuelle, à savoir des enregistrements à distance. De toute évidence, il ne nous était pas possible de recréer l'alchimie d'une session d'enregistrement traditionnelle. La suite reste encore à écrire.  Tout est possible en fait et c’est ça qui est excitant dans ce métier. Nous sommes satisfaits de ce premier disque, deux clips l’accompagnent et un troisième sera mis en boîte lors de la dizaine de concerts programmés en Italie au mois de février. Si la scène est importante pour nous, les albums le sont tout autant. Même si le format physique perd un peu de son sens aujourd'hui avec la consommation de la musique en streaming et les difficultés de l’industrie musicale, je suis heureux d'avoir encore au fond de moi cette envie de créer.

    Vos chansons vont droit au but sans artifice. On ressent évidemment le mélange de vos influences.

    C’est naturellement la musique que nous aimons collectivement qui a inspiré le travail de composition mais chacun a ajouté ses idées propres. Je suis d’ailleurs content que cela soit ressenti par une oreille extérieure. Le courant essentiel dans notre musique est un rock’n’roll agressif avec un gros son de guitare. Will, Stef et moi sommes attirés par les chansons accrocheuses, bien ficelées. Nous apprécions aussi bien les compositions d’Abba que de Black Sabbath en terme de mélodie. Cela se ressent dans l’album.

    Il y a également des réminiscences des années ’80, on pense notamment à des titres comme « Let’s Ride It » et « Locked And Loaded ».

    C’est une remarque intéressante. Les années ’80 sont régulièrement décriées par des professionnels de la musique. Les groupes qui ont survécu à cette période savent de quoi je parle. Personnellement je me fous des critiques et des gens qui portent aujourd'hui un regard excessivement négatif sur la production de cette époque. Si sur les dix titres de l’album certains ont une sonorité 80s, tant mieux. On trouve des morceaux heavy, sombres, calmes ou entraînants sur Heroes And Monsters. J’aime les variations de genre car cela renforce la dynamique.

    HEROES & MONSTERS : Todd Kerns

     

    « Slash est l’une des personnes les plus sympathiques que je connaisse. C’est très facile de travailler avec lui. »

    Tu as accompagné le Bruce Kulick Band lors des dernières Kiss Kruise et plus récemment sur deux concerts donnés à Las Vegas à l’occasion du nouvel an. Quels titres de la période 1984 à 1996 de Kiss apprécies-tu particulièrement ?

    « Turn On The Night » qui est un morceau sous-estimé selon moi. J’adore « Crazy Crazy Nights » qui suscite toujours un engouement incroyable de la part des fans. J’adore les paroles du pré-refrain « You are my people, you are my crowd, this is our music » et voir ensuite le public chanter en chœur « we love it loud », le poing levé.  C’est vraiment impressionnant. J’ajouterai « Who Wants To Be Lonely » et « Tears Are Falling ». J’aime également jouer « Unholy » un titre qui a permis à Kiss de se remettre en selle au début des années ‘90. On a aussi ajouté dans la setlist « Exciter » la plage d’ouverture de Lick It Up et « The Oath » du très décrié The Elder. Ce sont les choix de Bruce mais je trouve cela fun d’interpréter des chansons moins connues du répertoire de Kiss.

    HEROES & MONSTERS : l'interview de Todd Kerns

    Tout le monde connaît Slash le guitar hero, la légende des Guns N’Roses. En tant que son complice au sein des Conspirators, comment pourrais-tu le décrire sur le plan humain ?

    Slash est l’une des personnes les plus sympathiques que je connaisse. Il ne heurte personne, ne se met jamais en colère. C’est très facile de travailler avec lui. C’est aussi un passionné qui est exigeant avec lui-même.  Il aime par exemple répéter longuement avant de partir en tournée parce qu’il veut donner le meilleur sur scène. Ce n’est pas quelqu’un qui se repose sur ses lauriers. Il est probablement arrivé au sommet de son art aujourd’hui à force de travail et de perfectionnement. On s’appelle régulièrement et je le considère comme un véritable ami. J’ai la chance de jouer depuis près de treize ans maintenant avec l’un des plus grands guitaristes de l’histoire du rock et cette collaboration va continuer.

       HEROES & MONSTERS : cover

     

    HEROES & MONSTERS - HEROES AND MONSTERS

     Hard Rock

    Frontiers Records

    Todd Kerns ne nous pas mené en bateau. Ce premier enregistrement du trio ravira aussi bien les adeptes d’Evanescence, de Y & T ou des Guns. Gare aux ouïes, ça sent le brûlot grâce aux riffs d’acier, une rythmique marteau-piqueur et des refrains entraînants. On écoute d’ailleurs avec plaisir les fleurons « Raw Power », « Let’s Ride It », « Locked And Loaded », « And You’ll Remain » (avec des éléments empruntés à Led Zep) ainsi que « Set Me Free », l’excellente reprise de Sweet. Alchimistes, esthètes, Todd Kerns, Stef Burns et Will Hunt allient efficacement l’énergie pulsive de l’interprétation à un sens inné de la mélodie béton. Tous les morceaux de cet album possèdent un côté accrocheur et une habileté qui suffisent à justifier l’existence d’une telle entreprise. [Philippe Saintes]

    Retrouvez cet article dans Metal Obs' Janvier-Avril 2023

     

     

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  •  FM

     La force tranquille 

    C’est en architecte de la mélodie que les vétérans britanniques de FM sortent leur 13è album tout simplement intitulé Thirteen. Il risque bien de surclasser la concurrence du côté des sorties Frontiers en ce début d’année. [Entretien avec Steve Overland (chant/guitare) par Philippe Saintes. Photos : Tony Ayiotou] 

    FM promo 2022

    Atomic Generation  et Synchronized ont eu beaucoup de succès au Royaume-Uni. Avez-vous ressenti une quelconque pression au moment d’enregistrer Thirteen ?  

    Pour être honnête, non ! Ce nouvel album est juste un pas en avant pour moi en tant qu’artiste. Nous n’avons jamais d’idées préconçues au moment d’entamer le travail de composition. On arrive généralement avec une vingtaine de chansons  sans penser au disque précédent. Cette fois-ci, tous les membres ont participé à l’écriture. Nous avons profité du lockdown pour échanger des idées, proposer différentes possibilités. Jim (Kirkpatrick) a co-écrit les paroles de trois morceaux dont la plage d’ouverture « Shaking The Tree » qui est un commentaire sur le fonctionnement de la société. Pete (Jupp) est l’auteur de « Fight Fire With Fire » un titre qui entretien notre héritage. On trouve en fait deux ou trois morceaux ‘catchy’ pour satisfaire nos fans mais Thirteen propose des chansons bluesy, pop et heavy. Même si FM est reconnu pour mélanger les genres, c’est certainement notre album le plus varié car chacun a amené ses influences. J’adore ça ! L’inspiration ne vient plus seulement de moi. C’est rafraîchissant pour le groupe et cela m’enlève de la pression.

    À l’instar d’autres formations britanniques comme les Quireboys ou Thunder, FM n’est pas parvenu à décoller aux States, pourquoi ?

    Nous avons été victime d’un imbroglio entre CBS Etats-Unis et sa filiale locale au Royaume Uni après la sortie de nos deux premiers disques. De nombreuses personnes appréciaient notre musique outre-Atlantique et voulaient nous voir jouer là-bas. Notre manager John Barrack (Barrack/Consolo) travaillait à l’époque avec les Eagles, REO Speedwagon, Survivor ou Gino Vannelli. Il a bossé très dur pendant 3 ou 4 ans mais la maison de disques en Angleterre n’a pas voulu nous laisser partir à cause d’un contrat d’exclusivité et cela a anéanti nos chances de conquérir le marché américain. Nous avons gardé un cercle de fans et des critiques fidèles aux States. Je garde aussi un excellent souvenir de la tournée US avec Ratt et surtout Bon Jovi. On a été les témoins de l’ascension de ce groupe qui est passé du statut de formation de première partie à celui de mégastar à l’échelle mondiale grâce aux ventes colossales de l’album Slippery When Wet. On était très complice avec John (Bon Jovi) et Richie (Sambora). Ils se donnaient toujours à 200% sur scène. Ils ont vraiment mérité ce succès.   

    Que deviennent les membres fondateurs de FM Didge Digital (claviériste) et ton frère Chris (guitariste) ?

    « Mad » Didge fait toujours partie de la ‘famille’. Quand nous jouons près de chez lui, il nous rejoint systématiquement sur scène. C’est aussi un excellent ami de Jem. Nous avons effectué une tournée de 6 semaines en Europe avec Saxon en 2018. Comme Jem n’était pas disponible, Didge a assuré les claviers sur toutes les dates. Quant à Chris, il habite aujourd’hui dans le Norfolk. Il consacre toujours du temps à la pratique de la guitare mais il s’est retiré du circuit. Il n’a plus envie de faire cela sérieusement car il n’apprécie pas la pression inhérente à ce métier.

    FM shoot 2022

    Peux-tu évoquer les qualités de tes complices actuels ?

    Merv (Goldsworthy) est le ciment du groupe. C’est lui qui organise les tournées. C’est une sorte de musicien-manager.

    Pete est dans son élément dans un studio. C’est un as des logiciels. Vous pouvez obtenir tous les sons que vous désirez avec lui. Il adore essayer de nouvelles choses.

    Jim est le plus rock’n’roll de nous cinq. Sa personnalité attire l’attention. C’est notre ‘madman’ (rires).

    Enfin, Jem (Davis) est la personne la plus adorable qu’il m’ait été donné de rencontrer. En tournée et dans la vie, on est inséparable. Il nous arrive régulièrement d’aller manger ensemble car nous vivons dans la même région. C’est aussi un fameux claviériste.

    « C’est certainement notre album le plus varié car chacun a amené ses influences. »  

    Un album solo, un live et deux disques studios avec FM ainsi que d’autres projets vinyliques en cours, en seulement deux ans. Tu ne t’arrêtes donc jamais ?

    Je m’accorde deux à trois semaines pour me reposer auprès de ma famille chez moi, au milieu de l’Angleterre, sans penser à la musique. Je me ressource pour être à nouveau créatif. 2020 et 2021 ont été des années particulières. Etant privé de tournée, je me suis mis à échanger avec des personnes sur Facebook pour leur donner des conseils en matière d’écriture. J’ai composé, produit et enregistré différent type de musique pour compenser le vide laissé par l’absence de public et la joie du live. J’ai ainsi collaboré avec de jeunes artistes issus de la pop et du funk, notamment pour le label Crusaders. Ecrire de nouvelles chansons, c’est devenu comme un devoir, une hygiène de vie.

    Au mois de mai sortira sur le label Escape Music, Sundown le deuxième album de Lonerider. C’est déjà ta troisième collaboration avec le batteur Simon Kirke (Free, Bad Company).

    L’aventure a en effet commencé en 1983 avec le deuxième album de Wildlife. Retravailler avec Simon était ma priorité. C’est l’un des meilleurs batteurs de l’histoire du rock. Il suffit d’écouter son jeu qui balance sur « Feel Like Makin’ Love » ou « Good Loving Gone Bad ». Aujourd’hui, il continue d’explorer le style blues rock. La puissance qu’il dégage est fantastique. J’ai assisté à un concert de Bad Company à Cardiff aux Pays de Galles, en 2016. Rentré à la maison, j’ai envoyé un e-mail à Simon pour lui proposer de retravailler ensemble. Une demi-heure plus tard, j’avais déjà sa réponse : ‘Je suis content de te lire Steve. Envoie-moi une démo trois titres.’ C’est ce que j’ai fait et il a tout de suite répondu favorablement. Lonerider était né. Mon ami Chris Childs (Thunder) est à la basse et Steve Morris (Ian Gillan) aux guitares.  Ce projet est vraiment dans la continuité de Bad Co et j’en suis très fier car je suis un fan absolu de Paul Rodgers. Attitude le premier opus de Lonerider est très bon mais Sundown est à mon avis un cran au-dessus. Avec FM ou Lonerider, il me tarde de partager la musique en direct.

     FM Thirteen Cover

    FM 

     Thirteen

    Frontiers / PIAS 

    Alors que les températures commencent à remonter sérieusement, un bon petit rafraîchissement musical s’impose. FM est un grand groupe. Il symbolise bien le meilleur du rock mélodique anglais, celui qui fait toujours mouche après 37 ans de carrière. Les chorus sont encore imparables et les compositions tiennent la route. On retrouve des éléments caractéristiques de leur son sur « Waiting On Love » ou « Long Road Home » deux titres qui devraient d’ailleurs figurer dans la setlist 2022. On trouve aussi des missiles ‘pur rock’ (« Every Man Needs A Woman » ou « Just Got Started »). La rythmique des deux ex-Samson Merv Goldsworthy/Pete Jupp tourne comme une horloge et le chant de Steve Overland (dont je recommande le dernier album solo Scandalous) vous colle la chair de poule sur « Shaking The Tree » ou « Fight Fire With Fire ». On ne se noie jamais dans les claviers de Jem Davis pourtant très présents alors que Jim Kirkpatrick régale l’auditeur grâce à des interventions de guitare d’inspiration bluesy. En adjoignant aux mélodies des 80s une touche moderne, le quintet réalise un compromis musical parfait. La production est également irréprochable malgré un travail réalisé à distance en raison de la pandémie de covid qui a contraint le groupe à changer ses habitudes. Tout au long des onze plages de l’album on reste constamment sous tension car l’électricité est en prise continue. Thirteen est à la fois un album beau et fort. [Philippe Saintes]

    Retrouvez cet article dans Metal Obs' #101

     
     

     

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  •  GIANT  

      L'ombre d'un géant

    Les membres fondateurs David Huff et Mike Brignardello cherchent tant bien que mal à prolonger l’héritage de Giant  groupe vieux de plus de trois décennies. L’arrivée du nouveau chanteur, Kent Hilli, est-elle l'amorce d'une renaissance artistique ? La question mérite d’être posée. [Entretien avec David Huff, batterie, par Philippe Saintes. Photos : Enzo Mazzeo] 

    Giant Band 2022

     

    Douze ans séparent Promise Land ,du nouvel album. Pourquoi avez-vous décidé de rempiler pour donner naissance à Shifting Time  ?

    Je n’ai pas voyagé en Europe depuis un bon moment mais aux Etats-Unis, la scène musicale rock est assez chaotique. Je ne sais même pas s’il y a encore un marché pour ce type de musique. On ne doit même plus compter sur les radios estampillées ‘Classic Rock’. En fait, ça faisait un paquet de temps que l’on songeait à sortir ce 5è album studio. Alors, lorsque Frontiers est venu frapper à ma porte pour sa réalisation, j’ai immédiatement téléphoné à Mike (Brignardello, bassiste). Ce dernier s’est montré très enthousiaste. On adore tous les deux ce que ce label fait avec les anciens groupes. Sortir un album de Giant en 2022 avec un nouveau chanteur est pour nous un vrai test. Est-ce que nous appréhendons la réaction des fans ? Pas vraiment. J’ai lu sur les réseaux que certains n’aimaient pas le line-up actuel alors que d’autres fans de la première heure continuent de soutenir la formation. Je respecte toutes les opinions. Je ne me tracasse pas trop de savoir si l’album va rencontrer un succès commercial. Honnêtement, le plus important pour moi est de rester créatif. C’est libérateur en tant qu’artiste.  On aime partager ce que l’on ressent, ce que l’on crée avec les gens qui nous suivent depuis longtemps, comme avec ceux qui nous découvrent.

    Le choix de remplacer Terry Brock par Ken Hilli est donc un choix du label ?

    Absolument. Je précise que nous n’avons aucun problème avec Terry. C’est Serafino qui est à l’origine de cette collaboration.  J’ai vraiment été impressionné par la voix de Ken. Elle colle parfaitement au style de Giant. En raison de la pandémie et de la fermeture des frontières, nous avons travaillé à distance avec Ken. En revanche, toutes les parties instrumentales ont été enregistrées à l’ancienne, dans un studio.

    « On ne va pas devenir un autre groupe, changer notre fusil d’épaule pour je ne sais quelle raison. »  

    Il y a de nombreux compositeurs extérieurs sur Shifting Time . Avez-vous quand même gardé la main sur la réalisation de ce disque ?

    Certainement. Je produis l’album. Au-delà de l’aspect business, Giant a une réputation à défendre. Nous avions besoin de chansons fortes pour convaincre les passionnés  qui nous suivent depuis Last Of The Runaways (1989) et Time To Burn (1992). Alessandro Del Vecchio, le responsable de l’écriture des morceaux, a compris qu’il était important de persister dans notre propre style. On ne va pas devenir un autre groupe, changer notre fusil d’épaule pour je ne sais quelle raison. Le leitmotiv reste le même, de belles mélodies accrocheuses posées sur des riffs solides.

    Dave Huff

    Ton frère Dann fait une courte apparition sur le solo de « Never Die Young ». Il est en revanche absent des compositions pour la première fois.

    Dann a décidé de s’investir dans d’autres projets et je respecte son choix. On bosse ensemble depuis que l’on est sorti du collège. Nous avons vécu de grands moments avec Giant. Je peux vous assurer qu’il est à 100% derrière le groupe actuel. J’ai la chance d’être entouré de gens très doués, et en particulier John (Roth, guitariste) qui fait des étincelles sur cet album. C’est un  musicien phénoménal. On sent chez lui l’influence d’Eric Clapton et de Jeff Beck. C’est également un gros bosseur et un très bon camarade. J’ai aussi été impressionné par la voix de Kent. Elle colle parfaitement au style de Giant. En raison de la pandémie et de la fermeture des frontières, il n’a pas pu nous accompagner en studio. En revanche, toutes les parties instrumentales ont été enregistrées à l’ancienne. Une tournée ? Tout dépendra de l’évolution de la crise sanitaire mais également de la demande du public. J’aimerais vraiment jouer sur scène « Let Our Love Win », ma chanson préférée de l’album ou « Highway Of Love ».

    Giant - Shifting Time

    GIANT 

    Shifting Time

    Frontiers Records

    On écoute une première fois par curiosité, avec un réel espoir. On écoute une seconde fois car on a aimé le groupe originel avec Dann Huff et Alan Pasqua. La troisième écoute est celle de la recherche désespérée de quelque chose à sauver. La critique est identique à celle formulée en 2016 à propos de l’album du Roth Brock Project, la moitié de Giant à l’époque. Il en résulte un disque satisfaisant sur le plan instrumental (les guitares de John Roth prennent à de nombreuses reprises le dessus), avec des compositions travaillées mais ce 5è disque studio manque cruellement d’originalité. Si « Never Die Young », « Don’t Say A Word », « The Price Of Love » et « Wake Up » sont particulièrement efficaces, le superficiel domine sur les autres morceaux. L’auditeur moins difficile appréciera certainement un ensemble qui reste plaisant à défaut d’être impressionnant comme ont pu l’être les deux premiers enregistrements du groupe. Ce n’est pas vraiment une surprise puisqu’il ne subsiste que la section rythmique des débuts. Kent Hilli possède une très belle voix mais il a été imposé par le patron de Frontiers Serafino Perugino. Ce dernier a également fait appel à une brochette de compositeurs extérieurs. Ce Shifting Time n’est pas dépourvu de bonnes idées toutefois, il n’est pas naturel et encore moins personnel.  Voilà un disque pour les fans qui veulent garder espoir. Pour les autres… [Philippe Saintes] 

    Retrouvez cet article dans Metal Obs' #101

     

     

     

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  •   NIGHT RANGER

    Californication

    A l’aube de la quatrième décennie d’existence du groupe, les membres de Night Ranger savourent un regain de créativité.  Lors d’une conversation en visio depuis son home studio, Brad Gillis évoque le passé, le présent et le futur de la célèbre formation californienne. [Entretien avec Brad Gillis (guitare) par Philippe Saintes  - photos : Jack Baldes et  Ph. S.]

     Night Ranger 2021

    ATBPO (« And The Band Played On ») votre dernier opus a été écrit et enregistré en pleine pandémie. Comment était l'atmosphère au sein du groupe durant cette période difficile ?

    Les deux dernières années ont été complètement dingues. Avant le covid, on donnait 90 à 100 concerts par an. On jouait généralement le week-end car à présent on ne voyage plus dans un tourbus, ça c’est une époque révolue. Lorsque le Coronavirus s’est manifesté nous nous trouvions en République Dominicaine pour participer à un festival de rock sur la plage, le 80s In The Sand. Nous étions emballés mais nous avons malheureusement dû annuler la mort dans l’âme. Comme nous étions tous coincés à la maison pendant la quarantaine, j’ai proposé à Jack (Blades) et Kelly (Keagy) de faire un nouvel album. On alors échangé des idées sur les plateformes numériques. Sur les seize idées de départ onze ou douze ont été retenues. On ne s’est pas vu une seule fois durant la sa conception du disque. Tout a été construit à distance via Zoom, portable et par courrier électronique. C’est une situation inhabituelle mais au final nous sommes tous les cinq convaincus d’avoir créé un excellent album. Le process a pris quatre ou cinq mois car le groupe tenait à proposer un disque de qualité sans « remplissage ». Il a d’ailleurs reçu un accueil positif de la critique mondiale. Jusqu’ici, tout va bien !

    Plusieurs chansons sont taillées pour la scène. Cela ne devrait pas être difficile de les intégrer à la setlist.

    Nous avons déjà joué « Breakout ». C’est un hard rock accessible et direct qui fonctionne bien en public. Jack l’interprète brillamment sur scène. Le label a estimé que c’était le morceau qui sonnait le plus comme le Night Ranger des débuts. La vidéo a été vue de nombreuses fois sur You Tube. Nous avons aussi ajouté « Bring It All Home To Me » lors d’un show à Las Vegas, après l’avoir répété lors du soundcheck. Et puis, pendant la partie acoustique que nous intégrons à certains concerts, j’aimerai interpréter « California Hero », titre sur lequel j’utilise ma vieille Stratocaster ’57 Deluxe en raison du son ‘classique » qu’elle émet. Quoi qu’il en soit c’est toujours agréable de proposer de nouvelles chansons.

    Le décor des clips de « Breakout » et « Bring It All Home To Me » est digne du cinéma. Où les séances se sont-elles déroulées ?

    Non loin d’un parc naturel en Californie appelé Palm Springs. C’est un endroit très prisé par les touristes. Il y fait extrêmement chaud. A seulement une heure de route, on trouve un endroit appelé The Salton Sea . Un collectif d’artistes déjantés du monde entier y a créé un décor apocalyptique pour redonner vie à ce site désertique. Il est aujourd’hui plus visité que le Yosemite.  Brian Isley qui a réalisé plusieurs clips du groupe nous a filmés dans ce décor étrange au milieu des sculptures fantasmagorique. On a également effectué le shooting photo pour l’album sur place. Dans les années 80 les vidéos coûtaient des centaines de milliers de dollars et on passait des journées complètes sur les plateaux de tournage. Aujourd’hui on peut rapidement créer un clip musical simplement avec des Iphone. C’était le but recherché. On doit se montrer créatif de nos jours car l’argent ne coule plus à flot dans le monde de la musique.

    Un mot sur les deux derniers membres arrivés, Eric Levy (claviers) et Keri Kelli (guitare). Qu’ont-ils apporté concrètement sur le plan de la créativité ?

    Keri « déchire » sur cette album. Nous avons de la chance d’avoir vu passer au sein de Night Ranger des gens comme Joel Hoekstra, Reb Beach et à présent Keri Kelli. Ce sont tous des guitaristes brillants, expérimentés et reconnus. Keri a énormément contribué à la réalisation d’ATBPO tout comme Eric qui a apporté la touche finale sur plusieurs morceaux avec son jeu de claviers. L'ambiance qui règne au sein de la formation est excellente.

    Keri a été remplacé le temps d’un concert par Gilby Clarke (ex Guns’N Roses) l’été dernier. Pourquoi le choix de Gilby ?

    Gilby a fait le voyage à moto de Californie jusqu’à Sturgis, dans le Sud Dakota pour nous voir et Jack lui a demandé si il souhaitait jammer avec nous. Gilby avait déjà joué « Don’t Tell Me You Love Me », « Rock In America », « Sister Chritian » auparavant au sein d’un collectif. On a répété ensemble backstage et il a été formidable. C’est toujours un moment unique pour le public lorsqu’un invité monte sur scène. On a récemment donné un concert avec Styx et Tommy Shaw nous a rejoint pour interpréter « High Enough ». Jack et Tommy se sont partagés le chant comme sur le morceau original de Damn Yankees (1990). J’aime ces moments particuliers et spontanés.

    Le lieu de naissance a t’il une importance dans la vie d’un artiste ? La Californie dans le cas de Night Ranger.

    C’est certainement mon cas. J’ai rencontré Jack Blades en 1976 quand je suis allé passer une audition pour le groupe Rubicon. J’avais à peine 18 ans et je jouais dans un groupe de bar qui se produisait cinq soirs par semaine dans la région de la baie de San Fransisco. On jouait des titres de Lynyrd Skynyrd et de Bad Company mais aussi des morceaux plus funk car on était en pleine période disco. Cela m’a permis de diversifier mon jeu. Je jouais alors sur une Les Paul noire de ’68. Rubicon avait auditionné une trentaine de types avant moi et j’étais le dernier. Jack s’est alors mis à danser en sautant sur ses deux pieds en faisant des cercles. Je me suis aussitôt mis à l’imiter. On s’est croisé et on a tourné ensemble avec nos instruments. C’était vraiment le début de l’aventure. J’ai enregistré deux disques avec Rubicon. Le 18 mars 1978 est une date inoubliable pour le groupe puisque nous avons participé au California Jam 2, avec Aerosmith, Ted Nugent, Foreigner, Dave Mason et Santana. Ce festival s’est déroulé devant plus de 300.000 fans !

    Jack, Kelly Keagy et moi somme les rescapé de Rubicon. C’est sur les cendres de cette formation qu’est né Night Ranger fin 1979.

    Vous avez sortis des chansons qui ont marqué les esprits durant première décennie du groupe. Quel regard portes-tu sur les années ’80 ? 

    Cela a dû être énorme pour moi car je ne me souviens plus de rien (rires). Non, sérieusement c’était une époque folle. Nous avons enregistré nos trois premiers albums à Los Angeles au studio Image Recording avec le producteur Pat Glasser et l’ingénieur du son John Van Nest. Avec Jeff Watson, qui était mon complice durant cette période, j’écumais les night-clubs de la ville comme le Rainbow, le Whisky a Go Go, le Troubadour ou le Cathouse Rock Bar. Ces lieux incontournables étaient bondés de bombes blondes en string (il rit). C’était véritablement la décennie de la décadence mais il y avait de la fraîcheur et de l’énergie. Je garde d’ailleurs d’excellents souvenirs de l’ambiance en studio et de nos virées au Rainbow après les séances d’enregistrement.  On y restait jusqu’à la fermeture, ensuite, on se dirigeait vers les fêtes nocturnes organisées chaque soir sur la colline qui surplombe Hollywood. Toutes les rock- stars de la grande époque du rêve hollywoodien étaient présentes. On ne s'ennuyait pas une seconde. Je ne suis pas pour autant nostalgique puisque Night Ranger est à la veille de son 40è anniversaire. 

    Brad Gillis - Kiss Kruise

    As-tu rencontré Eddie Van Halen au cours de ta carrière ? 

    Oui, je l’ai rencontré au 5150. Je passais une soirée au Rainbow, dont j’étais un client régulier, lorsque je suis tombé sur son roadie, Zig Clark qui m’a demandé si je voulais visiter le studio d’Eddie. J’ai évidemment sauté sur l’occasion. Dany Chauncey, le guitariste de 38 special avec qui j’ai grandi, était également présent. Lorsque notre petit groupe est arrivé au domicile d’Eddie, la porte du studio était ouverte et il était entrain de jouer de la guitare. Eddie s’est montré très amical. J’ai pris une basse et on a improvisé une jam. C’était un grand bazar joyeux mais son épouse Valérie est venue frapper à la porte pour demander à Eddie d’arrêter tout de suite et de renvoyer ses potes. On a dû partir sur la pointe des pieds (rires). 

    C’est Eddie qui m’a donné l’envie d’utiliser le Floyd Rose. J’en ai trouvé un au Don Wear’s Music City, un magasin à San Fransisco.  C’était le troisième des 20-25 vibratos fabriqués par Floyd D. Rose dans son garage. J’ai voulu me différencier des notes torturées qu’employait Eddie. On peut vraiment entendre mon style sur les deux dernières notes de mon solo sur « Don’t Tell You Love Me ».   

    La suite pour Night Ranger ?

    Désormais, on se contente des opportunités qui se présentent. Cet été nous avons participé à plusieurs rendez-vous musicaux comme le Summer Fest, un grand festival à Milwaukee qui se déroule sur quatre jours avec une cinquantaine de groupes. On s’est également produit au Minnesota State Fair en compagnie de George Thorogood & The Destroyers. Nous avons la Kiss Kruise cet automne, une tournée au Japon l’année prochaine. On nous verra aussi au Sweden Rock Festival avec les Guns’N Roses l’été prochain. On profitera d’ailleurs de cet événement pour ajouter plusieurs dates en Europe... Entre les concerts, je construis un nouveau studio d’enregistrement à la maison, un vrai mur du son juste en dessous de mon salon (rires). Bref, je ne m’ennuie pas et c’est très amusant

    « Je ne suis pas nostalgique des années ’80 puisque Night Ranger est à la veille de son 40è anniversaire. »   

    En parallèle, tu as d’autres projets musicaux puisque tu as collaboré avec Billy Sheehan (basse, Mr.Big) et David Hugg (batterie, Giant) pour le label Frontiers. Peux-tu nous en dire plus?

    Nous avons travaillé avec un très bon chanteur brésilien Renan Zonta. Alessandro Del Vecchio est aux claviers et a produit l’album. Celui-ci est en boîte mais je n’ai aucune idée de la date de sortie.  Je prépare également un disque solo. Gary Moon (ex- Night Ranger) assure le chant et mon vieil ami Derek Sherinan (claviers, Black Country Communion) joue sur tous les morceaux.  Ces deux albums sortiront normalement au premier trimestre 2022.  

    Ton premier concert ?

    B.B. King, Weather Report et Copperhead lors du Winterland festival à San Fransisco (CA), en décembre 1972. J’avais 14 ans. 

    Ta première guitare ?

    J’ai reçu ma première guitare, de la marque Kay à l’âge de 8 ans. J’en ai 110 aujourd’hui à la maison et une quarantaine d’amplis.

    Les 5 chansons de Night Ranger que tu préfère jouer sur scène ? 

    Don’t tell You Love Me, Rock In America, Sister Christian, Eddie’s coming out tonight  et Touch A Madness.

     

    ATBPO - cover

    NIGHT RANGER

    ATBPO 

    (Frontiers Records)

    Night Ranger, toujours fidèle au poste, en est à treize albums studios. Un chiffre porte-bonheur ? En tout cas les arrangements sont fort bien réalisés, les compositions solides, les mélodies riches et les musiciens excellents. Jack Blades et Kelly Keagy forment à la fois un duo complémentaire au chant et une section rythmique solide. Brad Gillis et Keri Kelli travaillent leur manche en faisant percer le feeling sous le savoir-faire. Le disque débute par le très rock’n’roll « Coming For You » clin d’œil avoué au « Brown Sugar » des Stones. « Bring It All Home To Me » est précis et juteux avec un riff monstrueux de Gillis tandis que « Breakout » nous rappelle les heures de gloire du combo californien qui a tout de même vendu plus de 17 millions de disques. Sur le bluesy « Hard To Make It Easy », l’âme des Doobie Brothers transparaît. « Can’t Afford A Hero » est une ballade savoureuse alors que « A Lucky Man » doit autant au rock qu’à la country.  « Cold As December » déboule aussi vite que l’Eurostar sous la Manche et  « Monkey » vous pète à la gueule avec son ambiance hard et funky. Le plus reposant « The Hardest Road » puise ses influences dans le r&b mais c’est le mid-tempo « Tomorrow » qui clôture l’essai. Certes, Night Ranger a eu son temps et il prend de l’âge mais avec suffisamment d’allant pour rester un groupe ‘électrique’, gare aux courts-circuits ! [Ph. Saintes] 

    Retrouvez cet article dans Metal Obs' #97

     

     

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