•  LITA FORD 

     Star 80 

    Le parcours de l’interprète de « Close My Eyes Forever » est loin d’être un long fleuve tranquille. Succès, traversée du désert et rencontres tumultueuses avec des bad boys du Metal se sont succédés. C’est cet itinéraire mouvementé qu’elle déroule dans sa biographie, « Lita Ford - Living Like A Runaway ». Autre bonne nouvelle pour les fans, des bandes datant des années ’80 retrouvées récemment au fond d’un tiroir ou d’un carton poussiéreux, sont aujourd'hui publiées dans un album intitulé « Time Capsule ».  [Entretien avec Lita Ford  (guitare-chant)  par Philippe Saintes - Photos : SPV]

     

     Lita Ford

    Qu’est-ce qui t’a poussée à sortir ces vieux morceaux qui sommeillaient depuis une trentaine d’années ?

    Ce sont des enregistrements que je gardais dans un coin de ma tête. J’étais contente de les réentendre en tomant dessus. Le monde de la musique a énormément changé. Je pense qu’il y a une vraie nostalgie des années ’80. Mais ça s’est produit avec toutes les décennies. Il y a d’abord eu les sixties, puis les seventies…Je crois que les gens aiment se replonger dans des périodes où la vie paraissait moins compliquée qu’aujourd’hui. L’album contient d’excellentes chansons jouées par des musiciens exceptionnels. Time Capsule  évoque les bons souvenirs du rock’n’roll. Nous avons transféré les bandes analogiques (24 pistes) vers le numérique et remixé les morceaux originaux pour leur donner une nouvelle fraîcheur et une touche de modernité. C’est tout ! On n’a pas changé une seule note.

    En 1984, tu avais terminé en tête du classement des lecteurs de Circus Magazine, dans la catégorie chanteuse rock devant Pat Benatar, Stevie Nicks, Joan Jett, Ann Wilson ou  Lee Aaron….

    C’était une vraie satisfaction car chanter en jouant de la guitare, au début, me paraissait impossible. Je criais plus que je ne chantais, un peu comme Wendy O. Williams. Après la sortie de Out For Blood (1983) j’ai suivi des cours avec Ron Anderson, le coach de Joe Elliott, Sting et Steve Perry. Il était très réputé à Hollywood. Je dois avoir suivi une quinzaine de leçons ce qui n’était pas beaucoup mais suffisant pour corriger mes lacunes.

    Quelles sont les personnes qui t’ont encouragé à te lancer dans la musique ?

    Je ne sais pas pourquoi j’ai fait de la musique. Je pense que ce sont mes parents qui m’y ont poussé et l’école de musique également. Ça m’a plu. Papa a assisté à tous mes concerts et maman me réclamait sans cesse à la maison le morceau « Black Magic Woman » et des riffs de Black Sabbath. Ils me manquent tous les deux terriblement.

    Le producteur/manager Kim Fowley, c’est une rencontre inattendue. C’est lui qui a donné une impulsion à ta carrière.

    Je jouais dans un petit groupe de reprises avec des potes. On reprenait des titres de Jimi Hendrix, Black Sabbath, Led Zeppelin, Deep Purple. Un ami d’un ami m’a demandé de remplacer le bassiste de son groupe pour un concert. J’ai dû boire un bon coup avant de grimper sur la scène car il y avait énormément de monde. C’était terrifiant ! Après le show, toute la scène musicale d’Hollywood parlait de cette ‘ fille qui jouait de la basse ‘. J’ai alors reçu un appel de Kim qui voulait engager une bassiste pour un girl band. Je lui ai répondu : « c’est gentil Monsieur Fowley mais je suis guitariste » « Ça tombe bien »  a-t-il répondu « j’en cherche une aussi ». Je venais de terminer mes études et on m’offrait déjà un premier job. Kim était convaincu du succès des Runaways : « Je vais faire de vous l’un des plus grands groupes de l'histoire du rock. Vous baiserez les plus célèbres stars. Vous jouerez dans les plus grandes salles. Vous serez sur les couvertures de tous les magazines. Vous entrerez dans la légende. » C’était un départ de rêve. 

    Lita Ford 2016

    « Lita Ford - Living Like A Runaway: A Memoir », est une autobiographie honnête qui narre les tribulations d’une artiste qui a vécu de façon très rock’n’roll.  Tu as eu des relations parfois tumultueuses avec des « bad boys » du Metal (Tonny Iommi, Nikki Sixx, Chris Holmes,…).

    Mais c’est parce que j’étais la seule fille dans ce milieu hypermasculin. (Rires) Dans les années ’80, les rapports sexuels, la drogue et le rock marchaient main dans la main.  

    Parmi les anecdotes, il y a cette soirée avec Eddie Van Halen, interrompue par l’arrivée de ton ex-petit-ami qui était une base.

    Ah oui, Eddie a eu cette phrase incroyable : « si ton copain me tue, enterre- moi avec ma guitare » puis il s’est enfermé dans la salle de bain et a filé en sautant par la fenêtre du 4è étage quasi nu. Je dois reconnaître que j’ai loupé quelque chose, ce soir-là ! (Rires)


    Tu as aussi enregistré le hit des Troggs « Wild Thing » en duo avec Ace Frehley pour l’album de reprises de ce dernier (Origins Vol. 1)

    Ce fut très agréable de travailler avec Ace. On a d’autres projets pour l’avenir. Nous avons choisi ce morceau parce que nous l'aimons bien. Notre interprétation est différente de l'original. Au-delà de réaliser cette reprise, ce fut une épreuve très intéressante pour nous. Même si au début, nous n'avions aucune idée de comment cela allait se passer, on a adoré le faire. Les reprises, c'est souvent très cool : ça remet au goût du jour une chanson un peu oubliée, ça lui redonne du crédit, ça la renouvelle. 

    En janvier, tu as perdu un bon copain, Lemmy Kilmister, lui qui t’a offert le texte de « Can’t Catch Me ».  

    Mon bassiste, Marty O'Brien a été invite à jouer un titre de Motöhhead lors d’une fête organisée pour Lemmy, une semaine avant don décès. Il paraissait si frêle. Je ne veux pas de me souvenir de lui comme ça, parce que ce n’est pas le Lemmy que j’ai connu. Le cancer est une chose horrible.  Lemmy a mené la vie qu’il a toujours voulue. Il était là au milieu de ses amis lors de cette fête car il ne voulait pas mourir dans un hôpital. Au lieu de cela il disait ‘allons faire du rock !’ Cela le rendait heureux.  Je lui rends hommage chaque fois que je monte sur scène.

    Si c’était à refaire, tu choisirais le même parcours ou une vie plus tranquille, mais sans chanson et sans notoriété ?

    Ah non, le rock, c’est ma vie ! Malgré des moments pénibles, tant pis, je resigne. J’adore la scène et rien d’autre ne me procure une sensation qui s’en rapproche un tant soit peu. Chanter, jouer de la guitare pour les fans, c’est quelque chose de magique. Je suis aussi accompagnée par un groupe fantastique ! 

     Lita Ford Time Capsule

      LITA FORD

    Time Capsule

    SPV

    Time Capsule est un véritable voyage dans le temps qui s'arrête à l'époque bénie des années ‘80. Lita interprète en duo le très réussi « Where Will I Find My Heart Tonight» avec un Jeff Scott Soto au meilleur de sa forme. Sur « Killing Kind », morceau FM racé, on retrouve Dave Navarro (ex-Red Hot Chili Peppers, Jane’s Addiction) à la mandoline, Billy Sheehan (Mr. Big) à la basse, Rodger Carter (John 5) aux fûts et la paire Robin Zander-Rick Nielsen (Cheap Trick) dans les chœurs. « Rotten To The Core », titre imparable, est co-signé par Gene Simmons qui joue d’ailleurs de la basse alors que Bruce Kulick (ex-Kiss) assure les parties rythmiques. « Anything or The Thrill » est une plage furieuse dont le riff penche du côté de « Rock Bottom » le classique de UFO ! Du rentre dans le lard mais de la douceur aussi avec la ballade « War Of The Angels » qui déroule une tension magnifique. Time Capsule propose  également deux instrumentaux dont un hommage direct à Jimi Hendrix (« Little Wing »). Au total 10 titres pour rappeler à tous que Lita Ford appartient bien à la grande histoire du hard rock. [Ph. Saintes]

     


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  • LAST IN LINE

    Récidivistes

    Last In Line est le groupe formé par les premiers musiciens de Dio (période 1982-1986). Si l’ADN de cette formation dirigée par feu Ronnie James Dio est présent sur ce premier album avec un hard rock traditionnel, ses héritiers ont enregistré un opus inspiré et efficace grâce à leur envie et leur alchimie. [Entretien avec Vivian Campbell (guitare) par Philippe Saintes  - photos : Ross-Halfin]

    Last In Line

    Vivian, merci de m’accorder cet entretien alors que tu es en tournée avec Def Leppard au Royaune-Uni. Parlons tout d’abord de la genèse de «  Last In Line », projet qui marque un retour aux sources pour toi ?

    Le groupe existe depuis quatre ans. Après mon aventure au sein de Thin Lizzy en 2011, j’ai pris conscience qu’il me fallait revenir aux racines. J’ai donc appelé Vinny Appice et Jimmy Bain, respectivement batteur et bassiste de la première mouture de Dio. Tout a commencé par une jam session. C’était très excitant ! Nous n’avions plus joué ensemble depuis 26 ans mais l’alchimie était toujours présente. Alors, tous les trois, on s’est dit : « Trouvons un nom et un chanteur ». Le groupe a donné  quelques concerts avec Andrew Freeman (ex-Lynch Mob) dans le sud de la Californie, au Royaume-Uni et au Japon. J’ai réappris à jouer les solos comme sur les  albums Holy Diver, The Last In Line et Sacred Heart . Chez Def Leppard, tout est pensé et mûrement réfléchi, rien n’est laissé au hasard. Avec Last In Line, je reviens à des choses plus spontanées, à ce que je fais de mieux : jouer de la guitare.

    Vinny Appice - Last In Line

    Vinny Appice

    Ce disque est-il une manière pour le groupe d’être jugé sur la musique et pas sur le nom de Dio ?  

    Notre seule motivation est de jouer des titres qui ont fait leur preuve et que les gens attendent. Jimmy, Vinny et moi ressentons les choses de façon naturelle. Le fonctionnement interne est très démocratique. Nous formons une équipe. A trois, nous avons réalisé la trame du nouvel album, ensuite Andrew a apporté la mélodie et les textes. C’est vraiment un type fantastique, en tant que personne et en tant que professionnel. Ce n’est pas un clone de Ronnie James Dio. Soyons francs, j’ai pris grand plaisir à collaborer avec Ronnie mais nos relations n’étaient pas excellentes. Je n’aurais jamais songé à monter ce groupe de son vivant.

    Le sentiment premier qui ressort à l’écoute de Heavy Crown est qu’il sonne comme Holy Diver, dans l’esprit du moins.

    Une fois encore, cela s’est fait naturellement et non pas intentionnellement. C’est selon moi un disque « old-school » avec une approche plus moderne au niveau des riffs.  Nous avons travaillé rapidement et de façon très live avec un minimum d’overdubs. On a juste doublé la guitare rythmique comme pour le premier album de Dio. J’ai aussi sorti de son étui une Les Paul achetée à Belfast quand j’avais 15 ans. Je l’ai utilisée avec mon premier groupe Sweet Savage et elle m’a accompagnée à Los Angeles  pour l’enregistrement de Holy Diver en ‘82. Nous avons d’ailleurs suggéré à la personne chargée du mixage et du mastering, Chris Collier, d’écouter ce disque plusieurs fois et de mixer Heavy Crown avec la même dynamique sonore. 

    Viv Campbell - Last In Line

    Vivian Campbell

    Un mot sur la symbolique de la pochette de l’album ?

    La photo a été prise par Andrew Freeman dans le désert à Las Vegas. C’est en fait son fils que l’on voit sur la pochette. C’est le contraste entre un enfant représentant la jeunesse et le logo du groupe Last In Line qui symbolise le passé. Le groupe s’est formé en 2013, c’est donc une jeune formation avec de vieux types (rires). 

    Si ton état de santé le permet, comptez-vous donner quelques concerts en Europe, et as-tu une idée des nouveaux morceaux que vous allez interpréter ?

    Certainement « Devil In Me » et « Starmaker », deux clips vidéos ont été produits pour ces chansons, et probablement « Martyr » en plus des classiques de Dio. J’adore la scène, tu sais et je souhaite que l’album rencontre du succès mais faute de temps et faute d’argent, nous ne pouvons pas garantir une tournée. Le programme de Def Leppard est chargé entre les shows aux Etats-Unis et l’enregistrement d’un nouvel album. Dès lors, il ne me reste que la période de mars à juin pour promouvoir Heavy Crown. Heureusement, mon combat contre le lymphome (Note : cancer du système immunitaire) ne m’empêche pas d’être créatif et de monter sur scène.

    Tu es devenu très américain avec ta carrière. Te sens-tu cependant toujours proche de tes racines irlandaises ?

    Je ne suis pas un nationaliste mais je respecte profondément mes racines. Mes parents sont tous les deux Irlandais même si  je porte un nom à consonance écossaise. J’ai grandi à Belfast dans les années 70, une période particulièrement trouble en Irlande du Nord. Je reste prudent sur mes opinions car cela reste un sujet sensible. Je ne crois pas que je verrai un jour une Irlande réunifiée et d’ailleurs je ne pense pas que ce soit une solution bénéfique pour les Irlandais, tant sur le plan économique que social.

    Pour conclure, en tant qu’Irlandais et fan de foot, tu as dû apprécier la qualification des « deux » Irlande pour le prochain championnat d’Europe, en France.

    C’est chouette, effectivement bien que le tirage au sort n’ait pas été très favorable à ces deux équipes. L’Irlande du Nord tombe dans le groupe de l’Allemagne, le champion du Monde.

    Et l’Eire devra affronter la Belgique au 1er tour.

    On a très peu de chance de passer. Vous avez une sacrée bonne équipe (rires).

    Jimmy Bain

    Jimmy Bain (RIP)

    Depuis la réalisation de cette interview, nous avons appris la disparition de Jimmy Bain (68 ans) le 28 janvier dernier, pendant la croisière « Hysteria On The High Seas ». Vivian a tenu à rendre un hommage à son ami dans un communiqué :  « C’est avec le coeur lourd que je confirme l’annonce de la disparition de notre cher ami et compagnon de Last In Line, Jimmy Bain. Jimmy est celui qui m’a permis de percer dans l’industrie musicale et je lui serai à jamais redevable de ça. Les combats de Jimmy face à ses démons au fil des ans ont été largement débattu, mais ces derniers 18 mois, il avait finalement gagné cette bataille et était calme, lucide et motivé pour écrire et enregistrer le nouvel album.

    Il laisse derrière lui un riche héritage avec son travail pour Rainbow, Wild Horses, Dio et finalement Last In Line. Jimmy était extrêmement fier de notre nouvel album et sa participation dans ce projet fut énorme. C’était une âme très gentille, douce et généreuse et nos vies se sont particulièrement enrichies de l’avoir connu. Nous continueront à célébrer son existence à travers sa musique. Au nom de Vinny et Andrew, nos pensées et condoléances vont à sa famille, en ces temps difficiles. Repose en paix, cher ami.» 

     

    Last In Line : Heavy Crown

     LAST IN LINE

    Heavy Crown

    Frontiers / Harmonia Mundi

    Last In Line poursuit son émancipation, tant est si bien que l’étiquette de groupe hommage à Dio qu’on lui avait apposé, est désormais obsolète. Le chanteur Andrew Freeman est irréprochable ; la rythmique (J. Bain – V. Appice) reste diablement efficace et Vivian Campbell utilise toujours ses médiators avec aisance et dextérité. Le quatuor démontre aussi un véritable talent de composition. Le riff de la plage d’ouverture, « Devil In Me », est terrassant. « Already Dead » est un véritable coup de flingue, « Blame It On Me » est très lourd, presque sabbathien, « Curse The Day » est sublime, et ainsi de suite, jusqu’au dernier morceau. Il n’y a pas d’esbroufe, juste un groupe efficace qui joue à la perfection et avec une cohésion impressionnante. Tout sent la spontanéité. Laissez-vous tenter par ce Heavy Crown produit par le génial Jeff Pilson (Dokken, Foreigner) qui a correctement cerné les aspirations du groupe. Au milieu des mouvances actuelles, il est bon d’écouter un disque de hard rock au sens propre du terme, celui-ci fait parfaitement l’affaire. [Ph. Saintes]

     


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  • Vivian Campbell nous parle de ses racines irlandaises et de Heavy Crown, le premier album de LAST IN LINE, groupe formé par d'anciens membres de DIO (Campbell, Vinny Appice et Jimmy Bain) ainsi que le chanteur Andrew Freeman. L’album sortira le 19 février dans un contexte particulier puisque le bassiste Jimmy Bain est décédé d'un cancer des poumons, le 24 janvier dernier pendant la croisière ‘Hysteria On The High Seas’, à l’âge de 68 ans. Ce "phoner" a été réalisé avant la disparition de Jimmy (1er à gauche sur la photo).

     Last In Line 2015


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  • Entretien téléphonique avec David Coverdale réalisé à l’occasion de la sortie du « Purple Album » de Whitesnake. Dans cette première partie, DC évoque son arrivée au sein de Deep Purple en 1973 et sa collaboration avec Ritchie Blackmore et le regretté John Lord, ses deux « professeurs ». [Phil]

      


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  •  DEF LEPPARD

    Sept ans de réflexion

    La machine à tubes britannique est de retour avec son 11è disque, tout simplement appelé Def Leppard qui devrait cartonner, au moins auprès des nostalgiques du groupe. Autre bonne nouvelle, l’état de santé du guitariste Vivian Campbell (lymphome) est jugé satisfaisant. [Entretien avec Joe Elliott (chant) par Philippe Saintes  - photos Ross-Halfin]

    Sept ans se sont écoulés entre Songs From the Sparkle Lounge et le nouvel album. Pourquoi êtes-vous resté aussi longtemps éloigné des studios d’enregistrement ?

     Nous avons toujours sorti des disques à intervalles réguliers, tous les 3 ans. Puis il y a effectivement eu cette longue pause. Il ne faut cependant pas oublier les trois titres inédits enregistrés pour la compilation « live » Mirror Ball (2012). La raison est simple, depuis 20 ans nous vivons à l’ère du numérique. Les fuites sur Internet sont devenues de plus en plus courantes et difficiles à contrôler à une époque où la reproduction de fichiers musicaux requiert peu de moyens techniques. Par contre, la fréquentation des salles de concerts n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui. Nous avons donné des concerts plus souvent qu'auparavant, partout dans le monde. La scène est devenue notre deuxième maison. Je me suis aussi associé aux Quireboys pour le projet Down’n’Outz (Note : un album hommage à Mott The Hoople). Phil a joué avec Man Raze et vient de sortir un disque de blues avec Delta Deep ainsi qu’une autobiographie (Adrenalized: Life, Def Leppard and Beyond). Quant à Vivian, il retrouve régulièrement les membres originaux de Dio (Note : le groupe Last in Line, sortie d’un album chez Frontiers début 2016). En raison de cet emploi du temps démentiel, nous n’avons pas trouvé le temps d’enregistrer un nouveau disque ou de composer suffisamment de chansons. De toute façon, nous n’étions guère enthousiastes à l’idée de faire un nouvel album de Def Leppard, d’autant que  les revues spécialisées comme Kerrang et Rolling Stones insistaient sur la fin de vie du CD.  Le monde de la musique a fort changé, et il continue de se transformer. Après la tournée 2013, le besoin de nous réunir dans un autre endroit que la scène, d’échapper à une certaine routine, s’est fait sentir, si bien que nous nous sommes retrouvés tous les cinq dans mon studio, à Dublin. Nous avions enregistré quelques idées sur iPhone dans le but de sortir un EP 3 titres, mais on s’est  rapidement retrouvé avec douze morceaux potentiels. Absolument tout le monde avait composé, et je ne parle pas que de la musique mais aussi des textes. L’inspiration était revenue, et plus créative que jamais, voilà tout. Notre réaction a été unanime : « fonçons, faisons un nouvel album et tant pis pour le téléchargement ! » Deux dernières chansons  sont arrivées quelques semaines plus tard. Si la réalisation de ce disque n’a pas excédé neuf semaines, les séances ont été interrompues par les tournées. N’étant pas soutenu par un label, nous n’avions pas de budget et aucune date n’avait été fixe pour la sortie de l’album. Nous étions libres de travailler comme nous l’entendions.  Une fois le mixage finalisé, nous avons contacté plusieurs maisons de disque  pour savoir si elles étaient intéressées par la commercialisation de l’album.

    Joe Elliott

     C’est probablement l’opus le plus varié de votre discographie.

     Oui, absolument ! La raison est simple. Nous n’avions plus composé ensemble depuis longtemps. Def Leppard est un groupe aux personnalités marquées. Nous fonctionnons désormais de manière plus indépendante, chacun contribuant à forger une identité musicale. C'est cette diversité qui me plaît tant dans Def Leppard. Sav est arrivé avec « Let’s Go » et « Last Dance ». Rick a amené « Invincible ». J’ai écrit au moins quatre morceaux avec Phil (« Dangerous », « Man Enough », « Forever Young » et « Broke’N’Brokenhearted »). J’ai également écrit « We Belong » et « All Time High ». Le groupe au complet est crédité sur « Blind Faith » et « Wings Of An Angel ». Enfin, Phil a composé « Sea Of Love » et « Energized ». Toutes ces chansons  sont absolument superbes. II y a beaucoup de feeling, d'espace sur cet album. Ce n'est pas du cent mille à l'heure façon AC/DC ou Airbourne. Je n’ai rien contre ces groupes, mais tu n’aimerais pas entendre une ballade acoustique ou l’utilisation de piano sur un disque d’AC/DC. Notre univers est plus proche d’un groupe comme Queen qui était capable de créer des titres de hard-rock pur jus comme « Tie Your Mother Down » ou « Now I’m Here » et  en même adopter le style opéra sur « Bohemian Rhapsody » ou « Love Of My Life ». Musicalement, je dirais que Def Leppard est un mix entre le côté sophistiqué de Queen et la puissance d’AC/DC. Nous restons des rockeurs, après tout !

     Il y a également un très beau duo avec Debbie Blackwell-Cook sur le morceau « Sea Of Love ».

     Pour cette chanson, on a intégré des éléments issus du gospel des années 70, comme Mott The Hopple l’a fait sur « The Golden Age of Rock’n’Roll » ou sur « The Ballad of Mott ». Tu peux entendre au milieu de la chanson un break de guitare à la manière de Jimi Hendrix. C’est pour moi un titre plus proche de Lenny Kravitz que du heavy metal. Le groupe a souhaité aller plus loin dans la direction artistique, sortir des sentiers battus. Il y a un vrai feeling rock-soul. Debbie qui est la chanteuse de Delta Deep,  a enregistré sa partie dans le studio de Phil, en Californie et le mixage a été réalisé à Dublin. Nos deux voix réunies donnent plus d’ampleur, le son est énorme ! 

     Sur Pyromania et Hysteria, on pouvait difficilement cerner vos influences. En revanche sur Def Leppard vous avez clairement cherché l’inspiration dans le rock ‘old school’.

     Il y a sur cet album des échos de David Bowie, des Faces période Ooh La La, de Queen ou encore de Led Zeppelin. Nous avons senti qu’il nous fallait utiliser ce  qui nous venait naturellement. Nous avons emprunté le style de Kiss sur le morceau  « All Time High » et « Blind Faith » comporte des similitudes avec le titre « Rain » des Beatles, du moins dans l’esprit. « Man Enough » a un petit côté « Another One Bites the Dust » de Queen. Nous sommes tous devenus des musiciens parce que nous avons écouté ces groupes. Ceux-ci font partie de notre ADN. Il n’y aurait pas eu de Rory Gallagher sans Jimi Hendrix. Si Phil Collen a pris un jour une guitare et a commencé à jouer c’est parce que Ritchie Blackmore l’a fait avant lui. On est toujours imprégné par ce que l’on écoute.

    Def leppard 2015

     Quel est le secret d’un tube, selon Joe Elliott  ?

     Un tube doit être accessible, irrésistible, addictif. Nous avons grandi en écoutant les charts anglais et la vague Glam des années ’70. Slade, Sweet, T-Rex et Mott The Hoople sont nos mentors. Ils avaient adopté une approche similaire à celle de Ray Davies (Kinks) dans les 60s. Sur « All Day and All Of The Night », « You Really Got Me », « Tired Of Waiting For You » il y a deux accords et beaucoup d’espace pour la mélodie. C’est aussi la marque de fabrique de Billy Idol et de Joan Jett. Dans les tubes de Suzi Quatro ou de Gary Glitter, la batterie et les guitares sont agressives mais la voix soutient toujours le dessus. La plupart des guitaristes de groupes de metal détestent ce genre de chanson parce que ce sont des morceaux de rock simples. Dans notre cas, nous cherchons juste à faire de bonnes chansons. Sav a écrit 90% de « Let’s Go ». J’ai apporté les textes et un couplet. Le riff est le petit frère de « Pour Some Sugar On Me », « Let’s Get Rock » ou « Rock Of Ages ». Ce sont des morceaux courts, efficaces, avec des guitares pour grossir le son et surtout des refrains chantés en chœur. Selon moi, une chanson doit être aussi bonne en album qu’en live.  « Let’s Go » et « Dangerous » ont d’ailleurs été intégrés dans la setlist car c’est le public qui aura toujours le dernier mot.

     Vous avez tourné aux USA avec Kiss en 2014 et cette année encore avec Tesla, Styx, Night Ranger et Foreigner.  Le marché nord-américain est une stratégie délibérée ?

     C’est vrai que nous marchons très fort, là-bas. Je pense qu’il faut tenir compte de l’impact des stations de radio formatées rock aux States et au Canada.  Je ne connais pas les statistiques exactes, mais il doit bien y en avoir  quatre ou cinq dans chaque grande ville. C’est énorme proportionnellement à l’Europe. Nous croulons sous les invitations et le public continue à remplir les salles. Nous avons joué devant 20.000 personnes à Birmingham (Alabama), Salt Lake City, Portland et New York. Nous avons vendu autant de tickets que Paul McCartney ! Le territoire américain étant vaste, c’est logique que nous y passions plus de temps qu’en Europe. 

    Def Leppard 2015(2)

     Qu’en est-il justement de votre popularité sur le Vieux Continent aujourd’hui ?

     Cette année nous nous sommes produits en Allemagne, en Tchéquie, en Pologne, en Lituanie et avons visité tous les pays scandinaves. On a fait chaque fois salle comble ! Le public européen continue à nous soutenir. Les dates programmées en décembre au Royaume-Uni avec Whitesnake et Black Star Riders, affichent presque toutes sold-out.  On jouera notamment à Sheffield, notre ville natale.

     Sur scène, vous revendiquez d’ailleurs votre « patriotisme ». Le design de l’Union Jack apparaît notamment sur la guitare de Phil Collen, la batterie de Rick Allen ou ton foulard.  

     C’était au départ un clin d’œil au Who et à la British Invasion. Le t-shirt Union jack que je portais dans la vidéo de « Photograph » est devenu accidentellement une sorte d’emblème, de logo pour les fans. 

    Tu as aussi rejoint le groupe anglais Vega en studio pour un cover du titre « 10X Bigger Than Love ».

     A l’origine, j’avais composé ce morceau pour l’album X, en 2002, mais il est finalement sorti en face B sur le single « Long Way To Go ». Nick Workman (chant) qui est un ami, m’a appelé pour me demander l’autorisation d’inclure une reprise sur le troisième album de Vega (Stereo Messiah). J’ai répondu : « OK les gars, foncez ! ». J’ai fais moi-même les chœurs. L’an dernier, Vega a ouvert pour Down’n’Outz au Royaume-Uni et en Irlande. Le groupe a joué « 10X Bigger Than Love » en live. Je regardais tous les soirs ces types jouer ma chanson. C’était bizarre et gratifiant à la fois.

     Souffrant d’un lymphome (comme Tony Iommi de Black Sabbath) depuis 2013, Vivian Campbell a déclaré forfait pour les deux premiers concerts de la tournée US. Comment va-t-il aujourd’hui ?

     Vivian va bien. Il a arrêté la chimiothérapie et ne doit plus subir de traitements agressifs par radiation. Son nouveau traitement est l’un des meilleurs contre le cancer du système lymphatique. Il a retrouvé le sourire, joue et chante merveilleusement bien. Je ne sais évidemment pas ce qui se passe dans son corps, mais d’un point de vue extérieur, il semble très heureux. Les cures ont lieu toutes les trois semaines et les effets sont positifs. Déterminé à guérir complètement, Vivian n’a pas voulu que le groupe annule des spectacles. C’est la raison pour laquelle Steve Brown (Trixter) le remplace sur scène quand il est absent.  

      Def Leppard Cover

     DEF LEPPARD

    Def Leppard
    earMUSIC 
     

    Du hard-rock qui se veut dynamique (« All Time High »), des ballades langoureuses (« We Belong, « Last Dance ») et des mid-tempo chatoyants (« Dangerous », « Invincible »), rien n’a été oublié pour titiller les sommets des charts internationaux comme autrefois. Les léopards de Sheffield ont réussi un bon compromis entre le gros rock et la mélodie pour entretenir dignement leur légende. Remarquablement soudé, Joe, Phil, Sav’, Rick et Vivian se sont fait plaisir avec ce disque éponyme qui est peut-être le meilleur effort du groupe depuis Hysteria. Sans jamais rompre avec les passé (« Energized » aurait pu figurer sur Slang tandis que le single « Let’s Go » fonctionne dans le même schéma que « Poor Some Sugar On Me »), cet album est un savant mélange d’influences. Et Def Leppard a très bon goût ! La ligne de basse de « Man Enough » rappelle « Another One Bites The Dust » de Queen. L’ombre de Lenny Kravitz est nette sur « Sea of Love », morceau aux refrains accrocheurs. Si l’acoustique « Battle of My Own » rend hommage au grand Lez Zep, « Broke 'n' Brokenhearted » dégage l’énergie de Mott The Hoople. Un 11è album studio vite fait (un exploit pour Def Leppard) et bien fait, qui se laisse découvrir avec un certain plaisir, voire une certaine nostalgie.  [Ph. Saintes]  


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  •  Def Leppard

     Le Retour

     L’album - L’interview de Joe Elliott



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  • C’est donc le 30 octobre prochain que Def Leppard sortira enfin son 11ème album studio ! Tout simplement intitulé « Def Leppard », ce disque fait suite à « Songs From the Sparkle Lounge » datant de 2008. Après ces 7 longues années d’attente, l’auditeur est immédiatement accroché pars les premières notes du single « Let’s Go » qui ouvre magnifiquement l’album. Le son et le sens de la composition ne laissent planer aucun doute : nous sommes bien en présence du Grand Def Leppard !

     

     

    Les léopards de Sheffield savent de quoi ils parlent lorsqu’il s’agit de composer des tubes. De la basse groovy de « Man Enough », en passant par un hymne tel que « Sea Of Love », le hit en puissance qu’est « Dangerous » ou l’acoustique « Battle Of My Own »,  jusqu’à « Blind Faith, » l’ultime classique qui clôture l’album, les 14 titres de ce nouvel opus vont ravir les fans.


    L’album, enregistré à Dublin, est produit par les musiciens en collaboration avec Ronan McHugh.


    Joe Elliott (chant) nous parle de sa conception :

     


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  • George Lynch traverse apparemment les vicissitudes du temps. L’ancien soliste de Dokken  continue d’enregistrer à une cadence infernale. Il nous parle du dernier Lynch Mob (Rebel) , du double CD Shadow Train, la bande son d'un film documentaire sur les conditions de vie des Amérindiens dans l’Amérique du 21ème siècle, qu’il a lui même réalisé. Le guitariste évoque aussi a possibilité de travailler à nouveau avec Michael Sweet et le groupe KXM ainsi que son nouveau projet - The Infidels, en collaboration avec le chanteur de Fishbone, Angelo Moore !


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  • Dans les années ’70, Kiss était le noir démon et Angel l’archange blanc qui jouait avec la foudre. Frank Dimino, chanteur exceptionnel de ce groupe culte vient de sortir un premier album solo énergique et électrique « Old Habits Die Hard » avec des musiciens fortiches.

     * Oz Fox, Paul Crook, Jeff Labansky, Pat Thrall, Punky Meadows, Jeff Duncan, Eddie Ojeda, Dylan DiMino, Rickey Medlocke: Guitars
    * Justin Avery: Organ, Background Vocals
    * Danny Miranda, Paul Crook: Bass
    * John Miceli: Drums

     Bref, du .44 calibre rock'n'roll !!!! 

     Notre interview :

     

      A lire aussi : http://phil-de-fer.eklablog.com/angel-the-winter-song-a28404164

     

     

    https://www.facebook.com/frank.dimino.3 

    http://www.frontiers.it/

     


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