• KISS : CREATURES OF THE NIGHT - 4Oè ANNIVERSAIRE (Deluxe)

     KISS

    CREATURES OF THE NIGHT - ÉDITION 4Oè ANNIVERSAIRE

    Universal France

    Après le diptyque disco Dynasty-Unmasked, Kiss a enregistré son Sgt. Pepper, un album art-rock baptisé (Music from) The Elder. C’est pourtant un échec commercial et la critique ne se prive pas pour enterrer le groupe. Un an plus tard (1982), le trio Stanley-Simmons-Carr et le producteur Michael James Jackson se surpassent pour livrer un disque de heavy metal supersonique. Le résultat : Creatures Of The Night, 10è album studio et pièce centrale dans la discographie de la formation US.

      Kiss - COTN 40th Anniversary

    40 ans après sa sortie, Creatures Of The Night vient d’être réédité dans un luxueux écrin. Le coffret Super Deluxe contient la version originale de l’album, deux disques remplis d’extraits de sessions  (24 démos inédites), des enregistrements live de la tournée US, des bruitages utilisés lors de cette tournée (sirène, roulement d’un char, sons gores,…), un livre de 80 pages particulièrement instructif quant au processus créatif des New Yorkais avec de nombreuses interviews, la memorabilia d’usage (reproduction du Tour Book de tournée 10th Anniversary ainsi que du billet du fameux concert au stade Maracana le 18 juin 1983,  des photos de presse, des autocollants et posters, des médiators et des pins). On trouve également une toute nouvelle version de l’album mixée en Dolby Atmos 5.1 pour lecteur Blu-ray.  Une arme magique qui donne à la réédition une âme moderne. Il en résulte une redécouverte de ce disque qui a ravi les oreilles des rockers à une époque où l’industrie musicale ne jurait que par la new wave. Rien n’a été ajouté ou retiré, juste remixé avec les techniques d’aujourd’hui. Le bluesy « I Still Love You », l’apocalyptique « War Machine », le trépident « Rock’n’Roll Hell » et l’incontournable « I Love It Loud », n’ont jamais aussi bien sonné.   

    Paul Stanley et Gene Simmons étaient déterminés à ne pas laisser couler le navire. « L’échec de The Elder a eu sur nous le même effet qu’un uppercut de Mike Tyson. Nous étions devenus riches, empâtés et paresseux. Il était temps se battre pour ramener le groupe sur de bons rails en réaffirmant notre identité musicale » avoua Paul Stanley. 

    Kiss fit appel à Michael James Jackson come producteur et les deux Dave, Wittmann et Thoerner comme ingénieurs pour produire dans un premier temps quatre démos au Record Plant de Los Angeles. Le coffret propose des versions alternatives de « I’m A Legend Tonight », « Down On Your Knees », « Nowhere To Run » et « Partners In Crime » quatre titres qui devaient à l’origine figurer sur un EP baptisé Severe Cuts. Au final, le label Phonogram sortira une anthologie opportuniste (Killers).  La première mouture de « Nowhere To Run » a été immortalisée dans le studio d’Ace Frehley avec un titre apporté par Paul Stanley (« Deadly Weapon »), indéniablement une des pépites de l’album, et un autre par Gene Simmons (« Feel Like Heaven ») avec une touche plus soul. Il s’agit en réalité des premières sessions du groupe avec le batteur Eric Carr.

      Kiss - COTN 40th Anniversary (2)

    Afin de pallier à l’absence du démissionnaire Ace Frehley, Kiss avait invité plusieurs guests pendant l’enregistrement des nouvelles chansons. Andy Ferris (futur Mr. Mister) a notamment effectué le solo du titre éponyme tandis que « Danger » est à mettre au crédit de Bob Kulick. Une fois les parties vocales complétées, Michael James Jackson fit venir le guitariste de blues et de jazz, Robben Ford pour apporter une atmosphère particulière à deux chansons : « Ce fut certainement une collaboration improbable mais j’ai pris énormément de plaisir lors des neuf jours passés en studio avec le groupe. J’ai fini par jouer sur « Rock And Roll Hell » et une ballade rock appelée « I Still Love You ». C’était étrange car je n’avais pas l’habitude de jouer ni d’écouter ce style de musique. Ils me mirent rapidement mis à l’aise, me disant combien ils avaient aimé mon travail. »

    À ce moment, Vincent Cusano, très vite rebaptisé Vinnie Vincent, n’était rien de plus qu’un compositeur occasionnel et l’un des nombreux guitaristes ayant participé aux sessions d’enregistrement (il a joué sur cinq chansons). ). Parmi la vague de musiciens invités pour donner à Creatures Of The Night son atmosphère figure le bassiste Jimmy Haslip qui avait fait des vagues au sein des Yellowjackets (avec Robben Ford), son collègue de Toto Mike Porcaro sans oublier le guitariste rythmique et compositeur Mitch Mitchell.

    « Cette équipe a construit quelque chose de très fort qui reste encore aujourd’hui apprécié des fans. »

    Plus que la texture variée des guitares, la lourdeur des riffs et la fureur électrique, le succès de Creatures Of The Night repose sur le son de batterie d’Eric Carr tonitruant comme le galop de la horde sauvage. « Eric a été le poumon de l’album, une force vitale », nous a confié la producteur Michael James Jackson en 2018. Le style d’Eric était sec et explosif. Cette frappe enclumeuse est d’ailleurs présente sur les nombreuses démos de ce coffre à trésor.

    C’est évidemment dans la jungle des bonus que les aficionados prendront plaisir à se perdre. Les die-hards de la Kiss  Army apprécieront ainsi une ébauche de « Don’t Leave Me Lonely » (une idée de Carr) qui fut transformée en titre abouti par Bryan Adams sur l’album Cuts Like A Knife.

    Kiss - COTN 40th Anniversary (3)

    Parmi le matériel inédit citons l’excellent « Not For The Innocent ». Cette démo sur laquelle Paul Stanley et Gene Simmons se partagent le chant est bien meilleure que le version définitive figurant sur Lick It Up (1983). On peut désormais entendre avec un son très correct les versions initiales de l’hymnesque « It’s My Life » et de la ballade « Legends Never Die » que Simmons placera sur l’album WOW (1984) de Wendy O. Williams. Ces deux enregistrements datant des sessions de 1982 ont été piratées depuis des lustres. L’énergie avec laquelle les Kiss attaquent les prises de travail se résume en trois mots : cohésion, concentration et collaboration. Les familiers seront surpris de découvrir les instrumentaux « Tell It To A Fool » et « Chrome Goes Into Motion » jamais gravés ainsi que deux curiosités chantées par Simmons : « Something Seems To Happen » et « It’s Gonna Be Alright ». La voix de Stanley s’impose sur « Betrayed », une esquisse co-signée avec Vinnie Vincent témoignant du bon goût de la sélection proposée. Sachez que Creatures Of The Night est disponible en CD double et en vinyle pour les fans n’ayant pas les moyens de s’offrir l’onéreux coffret Super Deluxe.

    COTN était de loin l’album le plus dur et le plus enragé grâce à une musique forte et des breaks savamment exécutés. Kiss pouvait désormais concurrencer la nouvelle génération heavy metal (Iron Maiden, Judas Priest,…) à l’aube des années de plomb. Même si commercialement, il n’a pas atteint les sommets, il marquait le début d’une nouvelle ère, raison pour laquelle quarante ans après sa sortie il n'a pas vieilli à l’image de sa mythique pochette « bleu cobalt » réalisée en collaboration avec le photographe français Bernard Vidal.

    Kiss - COTN 40th Anniversary (4)

    La tournée américaine est immortalisée dans ce 2.0 par des enregistrements de quatre des cinquante-deux concerts donnés outre-Atlantique. Les salles étaient à moitié vides mais Kiss continuait de proposer un spectacle théâtral de grande qualité. Le groupe jouait sur la tourelle tournoyante d’un char d’assaut, au milieu d’une mosaïque d’effets pyrotechniques et une avalanche de watts. Chaque riff, chaque coup de baguette est une jouissance. On ne saurait jamais assez souligner l'apport essentiel de Vinnie Vincent, qui avait officiellement remplacé Ace Frehley après la tournée promo en Europe.  « C’est Paul qui a dessiné son maquillage avec le symbole de l’Ankh et son personnage du Magicien », écrivait Gene dans son autobiographie. En 1996, le guitariste nous avait accordé une interview au cours de laquelle il était revenu avec fierté sur son passage au sein des quatre fantastiques : « J’ai accompagné Kiss en studio en 1982 puis l’année suivante pour la réalisation de Lick It up. J’ai aussi effectué deux tournées mondiales et collaboré à l’album Revenge en 1992. Kiss était un grand groupe de rock puissant et viscéral. Je suis satisfait de ce que nous avons fait ensemble. Gene, Paul, Eric et moi avions le même instinct, les mêmes goûts. Cette équipe a construit quelque chose de très fort qui reste encore aujourd’hui apprécié des fans. »

    Un autre Vincent mérite d’être cité ici. Vincent Rapez ancien collaborateur à Metal Obs’, décédé en octobre dernier après un long combat contre le cancer. Il nous revient à la pensée son humour et ses qualités humaines. Notre Vinnie, grand fan de Kiss, a rejoint Eric Carr et Michael James Jackson deux des artisans de Creatures Of The Night. Cette chronique leur est dédiée. [Philippe Saintes]

     
     

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