• LITA FORD parle de son album Time Capsule

     LITA FORD 

     Star 80 

    Le parcours de l’interprète de « Close My Eyes Forever » est loin d’être un long fleuve tranquille. Succès, traversée du désert et rencontres tumultueuses avec des bad boys du Metal se sont succédés. C’est cet itinéraire mouvementé qu’elle déroule dans sa biographie, « Lita Ford - Living Like A Runaway ». Autre bonne nouvelle pour les fans, des bandes datant des années ’80 retrouvées récemment au fond d’un tiroir ou d’un carton poussiéreux, sont aujourd'hui publiées dans un album intitulé « Time Capsule ».  [Entretien avec Lita Ford  (guitare-chant)  par Philippe Saintes - Photos : SPV]

     

     Lita Ford

    Qu’est-ce qui t’a poussée à sortir ces vieux morceaux qui sommeillaient depuis une trentaine d’années ?

    Ce sont des enregistrements que je gardais dans un coin de ma tête. J’étais contente de les réentendre en tomant dessus. Le monde de la musique a énormément changé. Je pense qu’il y a une vraie nostalgie des années ’80. Mais ça s’est produit avec toutes les décennies. Il y a d’abord eu les sixties, puis les seventies…Je crois que les gens aiment se replonger dans des périodes où la vie paraissait moins compliquée qu’aujourd’hui. L’album contient d’excellentes chansons jouées par des musiciens exceptionnels. Time Capsule  évoque les bons souvenirs du rock’n’roll. Nous avons transféré les bandes analogiques (24 pistes) vers le numérique et remixé les morceaux originaux pour leur donner une nouvelle fraîcheur et une touche de modernité. C’est tout ! On n’a pas changé une seule note.

    En 1984, tu avais terminé en tête du classement des lecteurs de Circus Magazine, dans la catégorie chanteuse rock devant Pat Benatar, Stevie Nicks, Joan Jett, Ann Wilson ou  Lee Aaron….

    C’était une vraie satisfaction car chanter en jouant de la guitare, au début, me paraissait impossible. Je criais plus que je ne chantais, un peu comme Wendy O. Williams. Après la sortie de Out For Blood (1983) j’ai suivi des cours avec Ron Anderson, le coach de Joe Elliott, Sting et Steve Perry. Il était très réputé à Hollywood. Je dois avoir suivi une quinzaine de leçons ce qui n’était pas beaucoup mais suffisant pour corriger mes lacunes.

    Quelles sont les personnes qui t’ont encouragé à te lancer dans la musique ?

    Je ne sais pas pourquoi j’ai fait de la musique. Je pense que ce sont mes parents qui m’y ont poussé et l’école de musique également. Ça m’a plu. Papa a assisté à tous mes concerts et maman me réclamait sans cesse à la maison le morceau « Black Magic Woman » et des riffs de Black Sabbath. Ils me manquent tous les deux terriblement.

    Le producteur/manager Kim Fowley, c’est une rencontre inattendue. C’est lui qui a donné une impulsion à ta carrière.

    Je jouais dans un petit groupe de reprises avec des potes. On reprenait des titres de Jimi Hendrix, Black Sabbath, Led Zeppelin, Deep Purple. Un ami d’un ami m’a demandé de remplacer le bassiste de son groupe pour un concert. J’ai dû boire un bon coup avant de grimper sur la scène car il y avait énormément de monde. C’était terrifiant ! Après le show, toute la scène musicale d’Hollywood parlait de cette ‘ fille qui jouait de la basse ‘. J’ai alors reçu un appel de Kim qui voulait engager une bassiste pour un girl band. Je lui ai répondu : « c’est gentil Monsieur Fowley mais je suis guitariste » « Ça tombe bien »  a-t-il répondu « j’en cherche une aussi ». Je venais de terminer mes études et on m’offrait déjà un premier job. Kim était convaincu du succès des Runaways : « Je vais faire de vous l’un des plus grands groupes de l'histoire du rock. Vous baiserez les plus célèbres stars. Vous jouerez dans les plus grandes salles. Vous serez sur les couvertures de tous les magazines. Vous entrerez dans la légende. » C’était un départ de rêve. 

    Lita Ford 2016

    « Lita Ford - Living Like A Runaway: A Memoir », est une autobiographie honnête qui narre les tribulations d’une artiste qui a vécu de façon très rock’n’roll.  Tu as eu des relations parfois tumultueuses avec des « bad boys » du Metal (Tonny Iommi, Nikki Sixx, Chris Holmes,…).

    Mais c’est parce que j’étais la seule fille dans ce milieu hypermasculin. (Rires) Dans les années ’80, les rapports sexuels, la drogue et le rock marchaient main dans la main.  

    Parmi les anecdotes, il y a cette soirée avec Eddie Van Halen, interrompue par l’arrivée de ton ex-petit-ami qui était une base.

    Ah oui, Eddie a eu cette phrase incroyable : « si ton copain me tue, enterre- moi avec ma guitare » puis il s’est enfermé dans la salle de bain et a filé en sautant par la fenêtre du 4è étage quasi nu. Je dois reconnaître que j’ai loupé quelque chose, ce soir-là ! (Rires)


    Tu as aussi enregistré le hit des Troggs « Wild Thing » en duo avec Ace Frehley pour l’album de reprises de ce dernier (Origins Vol. 1)

    Ce fut très agréable de travailler avec Ace. On a d’autres projets pour l’avenir. Nous avons choisi ce morceau parce que nous l'aimons bien. Notre interprétation est différente de l'original. Au-delà de réaliser cette reprise, ce fut une épreuve très intéressante pour nous. Même si au début, nous n'avions aucune idée de comment cela allait se passer, on a adoré le faire. Les reprises, c'est souvent très cool : ça remet au goût du jour une chanson un peu oubliée, ça lui redonne du crédit, ça la renouvelle. 

    En janvier, tu as perdu un bon copain, Lemmy Kilmister, lui qui t’a offert le texte de « Can’t Catch Me ».  

    Mon bassiste, Marty O'Brien a été invite à jouer un titre de Motöhhead lors d’une fête organisée pour Lemmy, une semaine avant don décès. Il paraissait si frêle. Je ne veux pas de me souvenir de lui comme ça, parce que ce n’est pas le Lemmy que j’ai connu. Le cancer est une chose horrible.  Lemmy a mené la vie qu’il a toujours voulue. Il était là au milieu de ses amis lors de cette fête car il ne voulait pas mourir dans un hôpital. Au lieu de cela il disait ‘allons faire du rock !’ Cela le rendait heureux.  Je lui rends hommage chaque fois que je monte sur scène.

    Si c’était à refaire, tu choisirais le même parcours ou une vie plus tranquille, mais sans chanson et sans notoriété ?

    Ah non, le rock, c’est ma vie ! Malgré des moments pénibles, tant pis, je resigne. J’adore la scène et rien d’autre ne me procure une sensation qui s’en rapproche un tant soit peu. Chanter, jouer de la guitare pour les fans, c’est quelque chose de magique. Je suis aussi accompagnée par un groupe fantastique ! 

     Lita Ford Time Capsule

      LITA FORD

    Time Capsule

    SPV

    Time Capsule est un véritable voyage dans le temps qui s'arrête à l'époque bénie des années ‘80. Lita interprète en duo le très réussi « Where Will I Find My Heart Tonight» avec un Jeff Scott Soto au meilleur de sa forme. Sur « Killing Kind », morceau FM racé, on retrouve Dave Navarro (ex-Red Hot Chili Peppers, Jane’s Addiction) à la mandoline, Billy Sheehan (Mr. Big) à la basse, Rodger Carter (John 5) aux fûts et la paire Robin Zander-Rick Nielsen (Cheap Trick) dans les chœurs. « Rotten To The Core », titre imparable, est co-signé par Gene Simmons qui joue d’ailleurs de la basse alors que Bruce Kulick (ex-Kiss) assure les parties rythmiques. « Anything or The Thrill » est une plage furieuse dont le riff penche du côté de « Rock Bottom » le classique de UFO ! Du rentre dans le lard mais de la douceur aussi avec la ballade « War Of The Angels » qui déroule une tension magnifique. Time Capsule propose  également deux instrumentaux dont un hommage direct à Jimi Hendrix (« Little Wing »). Au total 10 titres pour rappeler à tous que Lita Ford appartient bien à la grande histoire du hard rock. [Ph. Saintes]

     


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