LORDI

 Croque Monstre Show 

Tout sauf un album de plus, To Beast or not To Beast ajoute une nouvelle corde à la guitare du groupe de metal finlandais. Ce disque fait le lien entre les années 80 et des sonorités d’aujourd’hui. Lordi retrouve l’essence même du rock’n’roll : l’amusement, le plaisir et l’absence de prétention. [Entretien avec Mr. Lordi (chant) par Philippe Saintes - Photo : AFM Records]

Beaucoup d’artistes, disent toujours que leur dernier album en date est le meilleur disque. Est-il réellement le meilleur album de Lordi ?

J’ai toujours été satisfait par les albums précédents, mais je le suis encore plus avec celui-là. To Beast or not To Beast donnera au public l’occasion de mieux apprécier les possibilités musicales du groupe. Il y a eu tellement de changement depuis la sortie de Babez for Breakfast en 2010. Nous nous sommes donc interrogés sur le fonctionnement et l’avenir de Lordi. Il y avait au sein de la formation des frustrations nées d’un dialogue difficile. La question To be, or not to be ( « Être, ou ne pas être ») nous a hantés durant ces deux années difficiles. Ce qui a sauvé le groupe c’est son inconscience et sa spontanéité.

Il est fort rare de voir un groupe admettre ainsi ses faiblesses. Les nouveaux membres semblent avoir trouvé leur place.

Tout à fait. Hella, la claviériste est une fille très sympa, une excellente musicienne dotée d’une forte personnalité. Sur scène, elle s’éclate vraiment. Quant à Mana, il nous a rejoint quelques jours avant d’entrer en studio. Nous avons mis du temps pour trouver le batteur idéal, celui qui était en mesure de comprendre l’esprit décalé du groupe. Nous avons joué avec un nombre incalculable de batteurs l’an dernier mais Mana est le seul à avoir assuré de manière irréprochable. Cette fois-ci, je n’ai pas composé les premières notes de l’album. Amen est arrivé en studio avec trois riffs de guitare et des plans de batterie imaginés par Otus.« We’re Not Bad For The Kids (We’re Worse) » et « The Riff » ont été réalisés à partir de ces ébauches.

« Sincerely with Love » pourrait faire un tube, pourquoi ne pas l’avoir utilisé comme premier single ?  

Nous l’avons suggéré aux responsables de la maison de disque mais ceux-ci nous ont répondu « non, non surtout pas de gros mots » et ils ont sortis « The Riff » à la place. Lorsque nous bossons sur notre musique, nous le faisons à notre manière. Crois-moi, nous ferons tout pour que ce titre devienne le prochain single. On ne peut pas gâcher le potentiel de cette chanson. Je lance d’ailleurs une invitation à tous les types qui nous détestent, ceux affalés aux buvettes lors des festivals, à chanter avec nous le refrain : ‘Fuck you Assholes’. Qui n’a jamais eu envie de crier ces trois mots, un verre de bière à la main ? (Rires)  

La dernière plage de l’album est un instrumental, en hommage à Otus, votre précédent batteur officiel, décédé l’an dernier.

Le plus dur fut de trouver un son pour lui rendre hommage. Otus est arrivé dans le groupe juste après l’enregistrement de Babez for Breakfast et n’a donc rien enregistré avec nous. Par chance, Amen a découvert un solo de batterie qu’Otus avait capté avec son iphone ou une caméra vidéo à Paris, pendant la tournée Babez for Breakfast.C’était un excellent ingénieur du son. J’ai aussitôt demandé à notre producteur Michael Wagener de remixer ce fichier et de l’intégrer au nouvel album. Cet enregistrement est le témoignage à un ami.

De nombreuses rumeurs ont couru sur le groupe, êtes-vous du genre à en rire ?

Cela dépend des rumeurs mais généralement elles trompent le public. Les kids croient ce qu’ils lisent. Ce ne sont que des mensonges et je n’ai pas toujours envie d’en rire. S’il y avait quoi que ce soit de vrai dans ce que l’on raconte sur nous, soyez certain que nous aurions été les premiers à vous en parler. Non, nous ne sommes pas des suppôts de Satan ni un groupe de Metal chrétien comme Stryper. Disons que nous nous situons entre les deux, « Somwhere Between heaven & Hell » (Quelque part entre le paradis et l’enfer).

Puisque tu fais référence à une chanson de Kiss, vous continuez à garder votre identité secrète comme ce groupe dans les ‘70s. Est-il nécessaire de rester incognito ?

Absolument. C’est primordial pour moi d’avoir une vie privée. Je peux me promener tranquillement dans un supermarché sans être reconnu. C’est relaxant. Je joue juste un rôle sur scène. Je ne voudrais pas changer cette situation. Les fans nous soutiennent dans cette démarche. Ils adorent les monstres que nous représentons et ne cherchent pas à découvrir qui se cache réellement derrière.

« Je lance une invitation à tous les types qui détestent Lordi, ceux affalés aux buvettes lors des festivals, à chanter avec nous : Fuck you Assholes ! » Mr. LORDI

To Beast Or Not To Beast 

AFM Records  

Heavy Metal 

Grâce à ce septième album studio, Lordi revient avec un opus du propre aveu du groupe plus spontané et plus varié que le précédent. Le ton a déjà été donné avec « The Riff » le premier single, un morceau intense qui démarre électro pour devenir ensuite du heavy. Les guitares bourdonnent, la basse pulse et la batterie martèle comme un marteau piqueur. Les paroles, elles restent dans la tradition « gore ». On est sous le charme ou sous le choc en écoutant ce vaudeville « électrique ». Les dix nouvelles compositions sont mémorables à souhait mais c’est sans aucun doute l’hymne « Sincerely with Love » et son célèbre refrain Fuck you Assholes qui remporte la palme. Dernier clin d’œil au regretté Otus, l'instrumental « Otus Butcher’s Clinic » clôt l'album. To Beast Or Not To Beast a été produit par Michael Wagener (Accept, Alice Cooper, Extreme, Skid Row). Une référence pour les amateurs de musique qui dégage tout en possédant de vraies mélodies. Le résultat donne un CD dévastateur et hargneux aux refrains immédiats. Comme dirait Frankestein dans le « Croque Monstre show » : Ça fait du bien par où ça passe. [Ph. Saintes]