• FM : l'interview de Steve Overland

     FM

    Le patient anglais

     Quel allait être l’après Atomic Generation ? FM plus FM que jamais, toujours là, où et quand on ne l’attend pas. Ce nouvel album est une autre merveille qui ne doit rien à personne et Steve Overland s’explique en exclu pour Classic Obs’. [Entretien avec Setve Overland (chant, guitare) par Philippe Saintes  - photos : Antonio Ayotis]

    FM 2020

    Steve, il y a des facettes multiples et colorées sur cet album. Du funk, de la soul, une touche de gospel, du blues et même des éléments électros sur « Ready For Me ». Il s’agit probablement de votre album le plus varié.  

    Tu as raison, Philippe. On retrouve des touches de tout ça sur le CD. Chaque titre de Synchronized a son propre ADN. « The Ghost Of You And I » par exemple a un côté country. Nous n’avons pas peur de sortir de notre zone de confort et d’expérimenter aujourd’hui. Il n’y a plus de  contrainte, de cadre fixé ou des balises. L’important est de rester sincère, entier et frais, en évitant la complaisance. J’aime la diversité de Synchronized.  Nous n’avions pas d’idée arrêtée au départ de l’enregistrement. Si une chanson était bonne on l’incluait sur le disque. « Superstar » ne devait pas s’y trouver initialement car il est arrivé tardivement mais nous sommes retournés en studio simplement parce qu’on adorait tous ce titre. Synchronized n’est pas un fourre-tout. Bien sûr, on ne peut pas s’empêcher de penser à Atomic Generation, qui a bien marché sur le plan commercial et peut-être parce que l’on se demande toujours si l’auditeur va aimer ce que l’on fait. Néanmoins, nous ne comparons pas systématiquement nos albums entre eux. Nous écrivons ce que nous aimons, sans pression.

    Vous avez désormais le contrôle de votre destinée. Ce ne fut pas nécessairement le cas dans les années ’80. 

    C’est exactement ça. CBS, Epic ou Chrysalis nous poussaient à devenir le nouveau Journey ou le nouveau Bon Jovi. Nous avons le contrôle de notre musique à présent. On fait ce que l’on veut et on va là où on veut. Le label Frontiers n’interfère pas dans le contenu ou notre orientation musicale. Les responsables se contentent de recevoir le produit fini et nous, nous encaissons le chèque à la fin de l’enregistrement. La confiance est un aspect important dans notre collaboration. Personne n’a à se plaindre jusqu’à présent. Le seul compromis est pour nos fans. Nous avons un devoir envers eux. C’est la raison pour laquelle nous écoutons leurs avis. C’est primordial d’avoir un lien avec les personnes qui achètent ta musique. Sans elles, on ne ferait pas ce magnifique métier depuis trente ans. Chaque chanson a une histoire pour le public.   

    Avec « Synchronized », le titre générique, vous tenez un nouveau tube à l’instar de « Killed By Love » sur le précédent opus. Ce sont des chansons qui restent dans la tête. Un air que vous voulez entendre encore et encore avec un refrain à faire trembler les murs… 

    FM aime produire des chansons avec de bons  gros refrains, que les gens retiennent facilement. L’accroche est le nerf de la guerre d’une bonne chanson pour moi. J’aime un rythme ‘catchy’ appuyé par une basse continue, groovy comme sur les hits de Michael Jackson « Beat It » ou « Billie Jean ». J’apprécie aussi les sonorités dansantes des années ’80, je pense aux mélodies identifiables de The Police.  C’est un plaisir de voir le public reprendre en chœur nos chansons pendant les concerts. Nous ne sommes pas des génies, on écrit juste des chansons « commerciales ».  

    A quoi fait référence le titre « End Of Day » écrit par Pete ? 

    Cette chanson parle de notre société autodestructrice. La réalité n’est pas brillante. Les évènements récents le démontrent bien. C’est un morceau plutôt heavy. Il a un côté dramatique aussi. La musique brutale se marie parfaitement avec le texte. Nous ne sommes pas un groupe à message habituellement. 

     

    FM Synchronized cover

     

    Avec le déconfinement, j’imagine que vous espérez bientôt reprendre la route pour défendre cet album.  

     

    J’adore interpréter sur scène les dernières compositions. Nous avons pris l’habitude d’insérer trois ou quatre nouveaux titres dans la setlist. Evidemment, vous entendrez toujours « That Girl » et les autres classiques de Indiscreet (Note : premier disque FM)  car cet album fait partie de notre histoire,  mais je trouve excitant d’interpréter de nouvelles chansons. J’aimerais ajouter cette fois « Synchronized », « Superstar » et la ballade « The Ghost Of You and I » dans une version piano-voix. C’est difficile d’établir une setlist. On en parle chaque fois entre-nous pendant des heures. Nous avions programmé une tournée en Europe et deux autres au Royaume Unis ainsi que la participation à deux croisières rock mais tout est reporté à 2021 en raison de la pandémie.  C’est très frustrant. Pour garder le contact avec nos fans, on organise régulièrement des Q&A sur la page Facebook du groupe. 

     

    « Depuis la reformation, FM bénéficie de nombreux passages sur les ondes au Royaume Uni. Je pense que c’est en grande partie dû au son moderne du groupe. » 

     

    FM a influencé de nombreux artistes. T’intéresses-tu à la scène musicale actuelle ?   

     

    Absolument. En partie grâce à mes enfants. J’aime Ed Sheeran par exemple. J’écoute parfois le top 40 sur BBC 2 ou des stations plus commerciales. Pour être compétitif aujourd’hui, tu dois écouter des choses actuelles. Indiscreet par exemple est un album de son temps avec une technologie complètement dépassée. Les méthodes d’enregistrement ont évolué comme la façon de consommer la musique. Ce serait stupide de notre part de ne pas en tenir compte. Nous avons la chance d’être massivement soutenu par les médias. Depuis la reformation, FM bénéficie de nombreux passages sur les ondes au Royaume Uni. Cinq de nos « single » ont eu droit aux honneurs des radios nationales. Je pense que c’est en grande partie dû au son moderne du groupe. Cela nous offre certainement de formidables opportunités. Il faut vivre avec son époque pour ne pas être banalisé.  

     

    FM 2020 (2)

     

    Avant FM tu as fais partie d’un groupe AOR culte avec ton frère (Chris), Phil Soussan (Ozzy Osbourne, Last In Line) et surtout le légendaire Simon Kirke (batteur de Bad Company et Free). Peux-tu nous parler de la genèse de ce projet… 

     

    J’étais un fan absolu de Free. Ado, c’était mon groupe favori avec Bad Company.  Chris et moi avons enregistré un premier album (Burning) sous le nom de Wildlife et avec d'autres musiciens, pour Chrysalis Records. Un deuxième disque était en projet mais le label a décidé de faire une pause. Nous avons eu la chance d’être repérés par Peter Grant, qui gérait à l’époque Swan Song, le label indépendant lancé par Led Zeppelin. Il désirait nous faire signer après avoir entendu une démo. Lui et Simon (Kirke) nous ont invités à le rejoindre à Londres. Mick Ralphs, le soliste de Bad Co était également présent. Il fut décidé que ce dernier produirait l’album. Tu imagines la claque. J’allais enregistrer avec mes idoles.. Nous avons commencé à répéter et à auditionner plusieurs bassistes, dont Neil Murray de Whitesnake mais c’est Phil Soussan qui, après avoir réussi avec brio une audition à Londres, fut engagé. Phil était aussi bon en studio qu’il ne l’était sur scène. Il assurait. La seule chose qu’il écrivit pour l’album est la version originale de « Shot In The Dark », chanson popularisée plus tard par Ozzy Osbourne. Inexplicablement, elle n’a pas été retenue pas plus que « Sunrise » le morceau qui nous a permis de signer un contrat professionnel avec Chrysalis. On avait trouvé un véritable esprit de camaraderie. Wildlife a enregistré un deuxième album éponyme dans le studio de Jimi Page et le résultat fut excellent. Nous avons ensuite tourné aux Etats-Unis avec le Michael Schenker Group. Là-bas, nous étions distribués par Atlantic. C’était énorme ! Le groupe n’a toutefois pas survécu à la disparition de Swan Songs Records en 1983 lors de la séparation de Led Zeppelin et les soucis de santé de Peter Grant qui s’était chargé jusque-là de toutes les négociations. Les deux albums de Wildlife ne sont disponibles qu’en K7 et en vinyle. Heureusement, nous sommes toujours détenteurs des droits. Ils devraient prochainement ressortir dans des versions remixées.  Simon et moi sommes restés de très bons amis. J’avais pris l’habitude de le voir jouer sur scène avec Bad Company. Ce fut encore le cas à Manchester lors de la dernière tournée du groupe. Il est toujours mon héros. Nous avons à nouveau collaboré il y a un an et demi sur l’album de Lonerider. L’influence de Free et Bad Co est particulièrement sensible. J’aimerai vraiment réaliser un deuxième disque avec ce projet.      

     

    Parle-nous de tes premiers pas sur la scène musicale.  

     

    Wildlife a été formé très tôt à Nortfolk avec de jeunes musiciens locaux. A l’origine le groupe s’appelait Bones et était fortement influencé par la musique de Free et Bad Company.  Le processus s’est mis en place lentement. On a bossé dur. Après des années d’apprentissage, d’écriture et de tournées essentiellement provinciales, nous avons commencé à nous produire dans les clubs de Londres.  Je devais avoir 17 ans à l’époque. C’est cependant lors d’un concert à Kinsley que nous avons été repérés par un représentant de Chrysalis. Tout n’est peut-être pas le fruit du hasard.   

     

    Steve Overland 2020

    Quel est le premier album rock que tu as acheté ? 

    Electric Warriors de T-Rex. J’avais mis de côté de l’argent pour m’offrir ce vinyle. C’était comme recevoir un cadeau à Noël. J’ai écouté le disque en continu. J’avais l’habitude de chaparder les vinyles de mon frère. Il était en avance sur moi. Il possédait des pépites comme Rockin The Filmore d’Humble Pie ou Abbey Road des Beatles. La découverte de ce dernier album fut un grand choc pour moi. Il reste mon album numéro 1 à ce jour.   

     

     

    Quels sont tes projets, Steve ?

     

    J’en ai beaucoup, honnêtement, Philippe. Je suis en pleine négociation avec Frontiers Records pour la réalisation d’un nouveau CD avec le groupe Groundbreaker. Mon nouvel album solo (Scandalous) sortira en août sur le label Escape Music. Il s’agit déjà du 5è opus d’Overland. On y retrouve des influences diverses, notamment des Doobie Brothers. Je suis content d’avoir pu enregistrer un album qui correspond à mes goûts musicaux sans interférence quelconque. Le titre « Changing Times » est une marque de respect pour tout le personnel médical qui a œuvré dans le monde entier pendant la pandémie. C’est aussi un hommage à toutes les victimes du Covid-19. Tonny Denander m’accompagne à la guitare. Nous avons écrit ensemble tous les titres de Scandalous. Il m’avait envoyé de nombreuses idées et des arrangements. J’ai composé de mon côté les mélodies et les textes. Brian Tichy (ex-Whitesnake et Dead Daisies) est à la batterie et Brian Anthony, notre bassiste/organiste, a mixé l’album aux Etats-Unis. Malgré le virus, je ne reste pas inactif et c’est bien comme ça ! 

     

     Overland scandalous cover

    FM se produira au ALL STAR FEST (20 et 21 novembre) à Anvers (B)

     

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