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    10.000 Volts

    Il y a de l’électricité dans l’air entre Ace Frehley et la paire Simmons-Stanley, depuis plusieurs années.  Les commentaires acerbes, il s’en fiche royalement mais pour mettre en veilleuse les critiques de ces anciens camarades, l’ex-guitariste de Kiss est entré en studio afin d’enregistrer un album électrisant qui s’écoute encore et encore. Ace fait de la résistance avec le bien nommé 10,000 volts grâce à un style ampoulé qui ravira les fans de la première heure. Il a déniché un fil conducteur en la personne de Steve Brown (Trixter, Def Leppard) son co-auteur-producteur :  Avec Steve, Je retrouve la même alchimie que celle qui animait les 4 membres de Kiss lors des premières années du groupe. Il n’y a aucun compromis entre nous deux, et c’est ça qui donne des chansons intéressantes. Je pense surtout que l’on était chacun avide de nouvelles expériences.

    Aux côtés de ces deux spadassins (Brown joue de la guitare, de la basse et des claviers tout en assurant les chœurs) quelques vétérans ont joint leurs forces en studio comme le fidèle batteur Anton Fig, présent sur trois chansons, le bassiste PJ Farley (Trixter) ou l’ingé-son Alex Salzman. Pour mettre de l’intensité d’entrée, l’éponyme et lumineux « 10,000 volts » est bien le meilleur choix possible avec ses guitares survitaminées et son refrain super-accrocheur.  Le plus Kissien des enregistrements de cet album est déjà un classique.

    Promo Ace Frehley, 10.000 volts

    « Walking On The Moon » est l’archétype de la chanson rock feelgood qui donne envie de taper du pied. Elle sonnera à pleine couture lorsqu’elle sera jouée en live. Vient ensuite « Cosmic Heart », morceau aux saveurs Black Sabbath : riffs lourds et grandes envolées. « Cherry Medecine » annoncé comme deuxième titre single, distille un groove contagieux. Cette fois encore on sent l’influence de Steve Brown qui a peaufiné la mélodie avec un sens inné du refrain tandis que Frehley délivre un riff incisif.  « Back Into My Arms Again » est une ballade semi-acoustique rappelant l’époque du Frehley’s Comet. Cette pépite exhumée des archives de l’artiste a en effet été composé dans les années ’80 avec le claviériste Arthur Stead. « Il y a bien quelques overdubs ajoutés par Steve mais la version finale est très proche de la démo d’origine. »

    « Fighting For Life » déboîte pied au plancher. C’est un hymne qui cogne et qui a tous les atouts pour séduire les amateurs de hard rock. Intro à capella s’il vous plaît pour « Blinded. Ace se lâche en disant tout le mal qu’il pense de l’évolution technologique incarnée à notre époque par l’intelligence artificielle, avec un ton désinvolte tel un requiem Rock’n’Roll.

     « Constantly Cute » propose un son rock résolument moderne, tout en gardant une mélodie entêtante et un solo subtil.

    Sur chacun de ses albums, Frehley s’attaque à une reprise. On a droit cette fois à l’étonnant « Life Of A Stranger », chanson composée et interprétée par la comédienne franco-marocaine Nadia Farès pour la BO du premier Transformer avec Jason Statham. « J’ai suggéré à Steve d’interpréter une version plus heavy avec des accords très rythmés, une intro et un solo de blues. Steve m’a coaché pour la partie vocale. Ma voix n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui et je trouve notre interprétation réussie. » 

    Ace Frehley 10.000 Volts cover

    « Up In The Sky « avec cette fois Matt Starr (Mr. Big) à la batterie, réenclenche la 6è avec un refrain qui roule et qui swingue à souhait.  L’instrumental « Stratosphere » rappelle que les choses de l’espace collent toujours à la peau d’Ace Frehley comme il nous le soulignait en 2014 : Mon studio ressemble à une navette spatiale (rires). Je suis entièrement convaincu que des extraterrestres ont visité la planète terre au cours des siècles et ont eu des relations sexuelles avec des humaines. C’est ce qui a permis de faire avancer la civilisation plus rapidement. Ma conclusion est que la vie arrive continuellement sur Terre depuis l'espace.

    Ace Frehley est un passionné qui a gardé un vrai cœur de rocker, un guitariste immortel qui continue de jouer une musique intemporelle. A défaut ce nous entraîner dans des galaxies lointaines, le Spaceman se contente de décrocher la lune en croyant à sa bonne étoile : J’ai un bon feeling concernant 10,000 Volts. C’est probablement l’un des meilleurs de ma discographie et je suis impatient de connaître la réaction des auditeurs. »

    Avec un titre pareil, il y a de forte chance que le… courant passe !   [Philippe Saintes] 

     Une chronique à retrouver dans : Metal Obs' Janvier-Avril 2024

     


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  • Le classement des albums préférés de la rédaction de Metal Obs est en ligne ici !

    Angel : Once Upon A Time cover

    Excellente année musicale à tous !cool

    Phil.


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    BLACK SABBATH 

    HEAVEN AND HELL (Deluxe Edition)

     et MOB RULES (Deluxe Edition)

     BMG

    Heaven & Hell - cover

     

    Réédition pour les albums de Black Sabbath enregistrés avec Ronnie James Dio au début des années ’80. Il s’agit incontestablement de deux des meilleures galettes de la discographie du groupe. Grâce à la production sans faille de Martin Birch (Deep Purple, Rainbow), Heaven And Hell et Mob Rules marquaient le retour au premier plan d’une formation britannique qui restait sur deux échecs commerciaux. Sorti en 1980, Heaven And Hell est apparu sous un jour plus varié avec notamment l’utilisation des claviers mais la rage est toujours présente avec à des morceaux puissants et lourds. Remis en lumière, « Neon Knights », « Children Of The Sea », « Wishing Well » ou « Die Young » sont des joyaux intemporels du hard rock. Pourtant, c’est bien le titre éponyme « Heaven And Hell » qui reste l’hymne profession de foi grâce à son refrain fédérateur. La nouvelle version remasterisée ne propose rien d’essentiel par rapport aux précédentes éditions mais on ne se lasse pas de réécouter les classiques ou les titres live captés lors de la tournée ’81 qui verra Dio introduire le symbole des fameuses cornes du diable (Geezer Butler en a toutefois revendiqué la paternité).

     

    Mob Rules - Cover

     

    Sur Mob Rules, le Yankee Vinny Appice (Rick Derringer), remplace le batteur historique Bill Ward. Cet opus regorge de coups de boutoir (« The Mob Rules », « Slipping Away ») et d’envolées lyriques (« Falling Off The Edge Of The World », « The Sign Of The Southern Cross »). Un vrai régal ! Comparativement à la version d’origine, le son des guitares et de la basse est plus dense et plus chaud. Les harmoniques et des détails instrumentaux ressortent. Même qualité dans la comparaison avec les pressages vinyles. Du côté des bonus, on est agréablement surpris d’entendre un concert enregistré lors d’une escale du Sabbat Noir au Portland Memorial Coliseum, en 1982, ainsi qu’un remix cadeau de « Mob Rules ». Voilà deux disques cultissimes à écouter sans modération pour découvrir ou redécouvrir l'héritage de Black Sabbath avec le regretté mais toujours unique Ronnie James Dio. [Philippe Saintes]

      

     

     

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  •  KISS

    CREATURES OF THE NIGHT - ÉDITION 4Oè ANNIVERSAIRE

    Universal France

    Après le diptyque disco Dynasty-Unmasked, Kiss a enregistré son Sgt. Pepper, un album art-rock baptisé (Music from) The Elder. C’est pourtant un échec commercial et la critique ne se prive pas pour enterrer le groupe. Un an plus tard (1982), le trio Stanley-Simmons-Carr et le producteur Michael James Jackson se surpassent pour livrer un disque de heavy metal supersonique. Le résultat : Creatures Of The Night, 10è album studio et pièce centrale dans la discographie de la formation US.

      Kiss - COTN 40th Anniversary

    40 ans après sa sortie, Creatures Of The Night vient d’être réédité dans un luxueux écrin. Le coffret Super Deluxe contient la version originale de l’album, deux disques remplis d’extraits de sessions  (24 démos inédites), des enregistrements live de la tournée US, des bruitages utilisés lors de cette tournée (sirène, roulement d’un char, sons gores,…), un livre de 80 pages particulièrement instructif quant au processus créatif des New Yorkais avec de nombreuses interviews, la memorabilia d’usage (reproduction du Tour Book de tournée 10th Anniversary ainsi que du billet du fameux concert au stade Maracana le 18 juin 1983,  des photos de presse, des autocollants et posters, des médiators et des pins). On trouve également une toute nouvelle version de l’album mixée en Dolby Atmos 5.1 pour lecteur Blu-ray.  Une arme magique qui donne à la réédition une âme moderne. Il en résulte une redécouverte de ce disque qui a ravi les oreilles des rockers à une époque où l’industrie musicale ne jurait que par la new wave. Rien n’a été ajouté ou retiré, juste remixé avec les techniques d’aujourd’hui. Le bluesy « I Still Love You », l’apocalyptique « War Machine », le trépident « Rock’n’Roll Hell » et l’incontournable « I Love It Loud », n’ont jamais aussi bien sonné.   

    Paul Stanley et Gene Simmons étaient déterminés à ne pas laisser couler le navire. « L’échec de The Elder a eu sur nous le même effet qu’un uppercut de Mike Tyson. Nous étions devenus riches, empâtés et paresseux. Il était temps se battre pour ramener le groupe sur de bons rails en réaffirmant notre identité musicale » avoua Paul Stanley. 

    Kiss fit appel à Michael James Jackson come producteur et les deux Dave, Wittmann et Thoerner comme ingénieurs pour produire dans un premier temps quatre démos au Record Plant de Los Angeles. Le coffret propose des versions alternatives de « I’m A Legend Tonight », « Down On Your Knees », « Nowhere To Run » et « Partners In Crime » quatre titres qui devaient à l’origine figurer sur un EP baptisé Severe Cuts. Au final, le label Phonogram sortira une anthologie opportuniste (Killers).  La première mouture de « Nowhere To Run » a été immortalisée dans le studio d’Ace Frehley avec un titre apporté par Paul Stanley (« Deadly Weapon »), indéniablement une des pépites de l’album, et un autre par Gene Simmons (« Feel Like Heaven ») avec une touche plus soul. Il s’agit en réalité des premières sessions du groupe avec le batteur Eric Carr.

      Kiss - COTN 40th Anniversary (2)

    Afin de pallier à l’absence du démissionnaire Ace Frehley, Kiss avait invité plusieurs guests pendant l’enregistrement des nouvelles chansons. Andy Ferris (futur Mr. Mister) a notamment effectué le solo du titre éponyme tandis que « Danger » est à mettre au crédit de Bob Kulick. Une fois les parties vocales complétées, Michael James Jackson fit venir le guitariste de blues et de jazz, Robben Ford pour apporter une atmosphère particulière à deux chansons : « Ce fut certainement une collaboration improbable mais j’ai pris énormément de plaisir lors des neuf jours passés en studio avec le groupe. J’ai fini par jouer sur « Rock And Roll Hell » et une ballade rock appelée « I Still Love You ». C’était étrange car je n’avais pas l’habitude de jouer ni d’écouter ce style de musique. Ils me mirent rapidement mis à l’aise, me disant combien ils avaient aimé mon travail. »

    À ce moment, Vincent Cusano, très vite rebaptisé Vinnie Vincent, n’était rien de plus qu’un compositeur occasionnel et l’un des nombreux guitaristes ayant participé aux sessions d’enregistrement (il a joué sur cinq chansons). ). Parmi la vague de musiciens invités pour donner à Creatures Of The Night son atmosphère figure le bassiste Jimmy Haslip qui avait fait des vagues au sein des Yellowjackets (avec Robben Ford), son collègue de Toto Mike Porcaro sans oublier le guitariste rythmique et compositeur Mitch Mitchell.

    « Cette équipe a construit quelque chose de très fort qui reste encore aujourd’hui apprécié des fans. »

    Plus que la texture variée des guitares, la lourdeur des riffs et la fureur électrique, le succès de Creatures Of The Night repose sur le son de batterie d’Eric Carr tonitruant comme le galop de la horde sauvage. « Eric a été le poumon de l’album, une force vitale », nous a confié la producteur Michael James Jackson en 2018. Le style d’Eric était sec et explosif. Cette frappe enclumeuse est d’ailleurs présente sur les nombreuses démos de ce coffre à trésor.

    C’est évidemment dans la jungle des bonus que les aficionados prendront plaisir à se perdre. Les die-hards de la Kiss  Army apprécieront ainsi une ébauche de « Don’t Leave Me Lonely » (une idée de Carr) qui fut transformée en titre abouti par Bryan Adams sur l’album Cuts Like A Knife.

    Kiss - COTN 40th Anniversary (3)

    Parmi le matériel inédit citons l’excellent « Not For The Innocent ». Cette démo sur laquelle Paul Stanley et Gene Simmons se partagent le chant est bien meilleure que le version définitive figurant sur Lick It Up (1983). On peut désormais entendre avec un son très correct les versions initiales de l’hymnesque « It’s My Life » et de la ballade « Legends Never Die » que Simmons placera sur l’album WOW (1984) de Wendy O. Williams. Ces deux enregistrements datant des sessions de 1982 ont été piratées depuis des lustres. L’énergie avec laquelle les Kiss attaquent les prises de travail se résume en trois mots : cohésion, concentration et collaboration. Les familiers seront surpris de découvrir les instrumentaux « Tell It To A Fool » et « Chrome Goes Into Motion » jamais gravés ainsi que deux curiosités chantées par Simmons : « Something Seems To Happen » et « It’s Gonna Be Alright ». La voix de Stanley s’impose sur « Betrayed », une esquisse co-signée avec Vinnie Vincent témoignant du bon goût de la sélection proposée. Sachez que Creatures Of The Night est disponible en CD double et en vinyle pour les fans n’ayant pas les moyens de s’offrir l’onéreux coffret Super Deluxe.

    COTN était de loin l’album le plus dur et le plus enragé grâce à une musique forte et des breaks savamment exécutés. Kiss pouvait désormais concurrencer la nouvelle génération heavy metal (Iron Maiden, Judas Priest,…) à l’aube des années de plomb. Même si commercialement, il n’a pas atteint les sommets, il marquait le début d’une nouvelle ère, raison pour laquelle quarante ans après sa sortie il n'a pas vieilli à l’image de sa mythique pochette « bleu cobalt » réalisée en collaboration avec le photographe français Bernard Vidal.

    Kiss - COTN 40th Anniversary (4)

    La tournée américaine est immortalisée dans ce 2.0 par des enregistrements de quatre des cinquante-deux concerts donnés outre-Atlantique. Les salles étaient à moitié vides mais Kiss continuait de proposer un spectacle théâtral de grande qualité. Le groupe jouait sur la tourelle tournoyante d’un char d’assaut, au milieu d’une mosaïque d’effets pyrotechniques et une avalanche de watts. Chaque riff, chaque coup de baguette est une jouissance. On ne saurait jamais assez souligner l'apport essentiel de Vinnie Vincent, qui avait officiellement remplacé Ace Frehley après la tournée promo en Europe.  « C’est Paul qui a dessiné son maquillage avec le symbole de l’Ankh et son personnage du Magicien », écrivait Gene dans son autobiographie. En 1996, le guitariste nous avait accordé une interview au cours de laquelle il était revenu avec fierté sur son passage au sein des quatre fantastiques : « J’ai accompagné Kiss en studio en 1982 puis l’année suivante pour la réalisation de Lick It up. J’ai aussi effectué deux tournées mondiales et collaboré à l’album Revenge en 1992. Kiss était un grand groupe de rock puissant et viscéral. Je suis satisfait de ce que nous avons fait ensemble. Gene, Paul, Eric et moi avions le même instinct, les mêmes goûts. Cette équipe a construit quelque chose de très fort qui reste encore aujourd’hui apprécié des fans. »

    Un autre Vincent mérite d’être cité ici. Vincent Rapez ancien collaborateur à Metal Obs’, décédé en octobre dernier après un long combat contre le cancer. Il nous revient à la pensée son humour et ses qualités humaines. Notre Vinnie, grand fan de Kiss, a rejoint Eric Carr et Michael James Jackson deux des artisans de Creatures Of The Night. Cette chronique leur est dédiée. [Philippe Saintes]

     
     

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  • JOURNEY : logo

     

    Il y a eu beaucoup de va-et-vient depuis le précédent album Eclipse en 2011. Steve Smith et Ross Valory ont été remerciés pour une sale affaire concernant les droits exclusifs du nom « Journey ». Personne dans le groupe n’est d’ailleurs sorti grandi du procès qui a suivi. Neal Schon (guitare) et Jonathan Cain (claviériste), les deux derniers rescapés de la période de la formation de San Francisco, ont fait appel à Randy Jackson (basse) et Narada Michael Walden (batterie et co-auteur de douze plages sur les quinze proposées ici) afin de remplacer les exclus. Notez encore que Deen Castronovo, un moment jugé infréquentable, effectue un brillant retour vocal sur « After Glow », un morceau style jazz-rock-fusion que n’aurait pas renié Toto. Des titres comme « Don’t Give Up On Us » et « You Got The Best Of Me » raviront les amateurs d’A.O.R. alors que « Still Believe In Love », une ballade bien bluesy, aurait certainement fait un carton dans les charts… il y a 40 ans ! L’album s’accélère ensuite avec « The Way You Used To Be » ou encore le groovy « Come Away With Me » mais le moment le plus hargneux s’appelle « Let It Rain » grâce à son tempo heavy. Du punch également pour Holdin’ On » chanson sur laquelle Arnel Pineda fait preuve d’une énergie débordante. Le chanteur Philippin est à l’aise dans tous les registres : du funk (« All Day And Night »), aux morceaux 100% A.O.R. (« Don’t Go », « United We Stand ») en passant par un rock de stade (« Together We Run » et son clin d’œil aux Damn Yankees ») ou le slow « Live To Love Again ». On sent que la composition des morceaux a été travaillée, que la copie a été lue et relue. Freedom, quinzième disque studio de Journey, est une totale réussite.  [Philippe Saintes] 

     JOURNEY : Freedom cover

     

     

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  •   Fortune - Logo

     

    Amateurs de hard mélodique précipitez-vous sur ce quatrième album des frères Richard (guitare) et Mick (batterie) Fortune, c’est de la  bombe ! Ces vétérans, auteurs de quelques tubes mineurs durant la vague 80s, nous dévoilent une hargne et une force que l’on ne soupçonnait pas jusqu’ici. Faites table rase de vos souvenirs mitigés et de vos préjugés hâtifs, Fortune a en effet décidé de faire du bruit et de se ruer à l’assaut. La recette AOR sans concession du quintet laisse exploser tout le meilleur de cette musique que l’on aime, grâce à une interprétation authentique avec des riffs qui s’avèrent foudroyant à chaque instant, un chant puissant et accrocheur de Larry ‘Top Gun’ Greene, des soli fort à propos qui n’en font jamais trop mais qui disent tout, une rythmique qui vous fait taper du pied encore et encore, sans oublier une production irréprochable. Des morceaux comme « Silence Of Heart », « I Will Hold You Up » (avec la participation aux claviers de Steve ‘Toto’ Porcaro), « I Should Have Known You'd Be Trouble » ou « Lunacy Of Love » laissent sur les tympans, des traces indélébiles marquées au fer rouge. L’auditeur ne tarde pas à opiner du chef devant ce revirement salutaire. On dit que la fortune sourit aux audacieux, ce Level Ground a été façonné par un groupe qui porte finalement bien son nom. [Philippe Saintes] 

    Fortune - Level Ground 

     

     

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  •  PAUL STANLEY – BACKSTAGE PASS

     Editions Talent      

     

    Paul Stanley - Backstage Pass

    Après le Confess de Rob Halford et À quoi sert ce bouton ? de Bruce Dickinson, Talent éditions a publié la version française du second ouvrage signé Paul Stanley, de la formation hard-rock au succès planétaire Kiss. 

    Faisant suite à Face The Music (2014), Backstage Pass n’est pas à proprement parler une autobiographie traditionnelle. Le charismatique chanteur-guitariste livre plutôt le fond de sa pensée, sa résilience après une réconciliation avec son paternel William (récemment décédé). Stanley détaille au fil des pages sa façon d’appréhender le succès et de bien vivre sa vie. De la maison familiale à New York au sommet de la scène rock, il nous livre ses combats de manière philosophique. On mesure ainsi le chemin parcouru au cours des cinq dernières décennies. L’artiste ne se veut pas moralisateur. Il ne donne pas de leçons au lecteur pour devenir une rock star ou pour réussir dans la vie mais livre néanmoins un conseil pour prendre son destin en main : « Ce n’est pas toujours facile, mais nous devons avoir ce petit plus de détermination, ce petit pas supplémentaire que d’autres ne feront pas, pour parvenir là où nous le voulons. »  

    Le livre est profond et les thèmes évoqués délicats. Le frontman de Kiss parle sans tabou de la famille, la religion, la différence, la vieillesse, la mort : « Nous jouons tous à Beat The Clock et nous perdons. Le temps gagne toujours. »  

    Il déroule également les domaines de son éclatant succès : la gestion de carrière, ses réussites d’artiste en général dans le monde du rock, sa forme olympique, sans oublier son amour pour la peinture (une sorte de purge pour évacuer un maximum de douleurs et de tourments), mais aussi d’autres centres d’intérêt comme le théâtre voire même la cuisine. Le passé est exploré mais l’auteur n’est pas pour autant nostalgique : « Je pense que le vivier de talents a considérablement augmenté de niveau. Ce que nous avons vu dans les émissions Ted Mack and the Original Amateur Hour – qui passaient à la télé quand j’étais enfant – était juste horrible comparé avec le niveau de The Voice. »  

    Qu’on ne s’attende pas à des révélations fracassantes après Face The Music, Stanley n’en avait sans doute aucune en réserve. Il revient tout de même sur quelques galères comme la tournée Creatures Of The Night (Kiss a joué dans des salles à moitié vide aux USA en 1982) ou son embarras par rapport à l’album Carnival Of Souls : The Final Sessions, un enregistrement sombre qui a marqué la fin de l’ère Stanley-Simmons-Kulick-Singer et ouvert un nouveau chapitre, celui de la reformation du line-up originel avec Peter Criss et Ace Frehley en 1996. « Mon problème avec ce disque est que je n’avais jamais voulu écrire des chansons qui reflètent l’insatisfaction et la détresse, ou bien qui porte un regard trop négatif dur le monde. Porter le masque de la misère me paraît fallacieux – parce que je crois qu’il faut se battre, parce que j’ai un optimisme fondamental. » Le chanteur-guitariste grimé explique dans le même registre les conséquences des expérimentations musicales à l’aube des années 1980 et l’échec de l’opéra-rock The Elder, un album molesté à sa sortie : « une tentative désespérée de recherche de validation de la part de gens qui de toute façon ne valideraient jamais Kiss. »  

    Le livre remet aussi les choses en balance. Les apports respectifs des membres de Kiss y sont décortiqués : « Avec le maquillage, Gene (Simmons) est le visage de Kiss, j’ai toujours été par essence la voix » (entendez le maître créatif) en rappelant que le groupe a évolué au travers des crises et des changements de personnel. Si ses rapports avec Ace Frehley (guitare soliste) sont devenus moins complexes ces dernières années – la cible de ses flèches est le batteur Peter Criss, dépeint comme une personne négative et frustrée. Et, bien entendu, Paul explique habilement le secret de son groupe : « Une partie de ce qui fait l’immortalité de Kiss est due au fait que nous ne changeons pas. Nous entretenons l’illusion. Je ne suis pas éternel, mais je suis heureux. » 

    On lira donc, au fil de ces quelque 250 pages traduites par Olivier Bougard, beaucoup d’anecdotes, parfois inattendues, racontées par un homme qui avait rêvé très tôt de devenir une rock star universelle et qui a su transformer ce rêve en réalité, et l‘entretenir. Un must pour les fans comme pour les amateurs plus distants. [Philippe Saintes]

     

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  •  KISS

    DESTROYER - ÉDITION 45è ANNIVERSAIRE

    Kiss Destroyer 45th - COVER

    Réédition en fanfare pour cet album considéré comme ‘le classique’ des quatre musiciens originaux de Kiss : Paul Stanley, Gene Simmons, Peter Criss et Ace Frehley. Destroyer a rencontré le succès populaire avec ses 9.000.000 copies vendues et il figure certainement dans la discothèque idéale. Selon Simmons: « Ce que George Martin a été pour les Beatles, Bob Ezrin l’a été pour nous. Il avait quelque chose que nous n’avions encore jamais trouvé chez un producteur : une vision. »

    L’enregistrement a débuté le 5 janvier 1976 au Record Plant avec le jeune mais déjà célèbre producteur. Bob Ezrin dernier est allé au fond des choses en transposant le côté théâtral de Kiss sur album. La paire Stanley-Simmons s’est également mouillée et le résultat est convaincant. En revanche, Ezrin a clairement freiné l'inspiration du soliste Ace Frehley. Ce dernier reprocha d’ailleurs au producteur son côté ‘maître d’école’ : « Bob est une personne brillante sur le plan artistique mais il ne s’est guère montré patient avec moi. Je ne me suis jamais senti à l’aise car il n’y avait pas d’atmosphère conviviale et encourageante en studio. Sa manière de fonctionner ne collait pas à ma personnalité. » 

    Les deux hommes n’étaient de toute évidence pas connecté. Afin de palier aux problèmes de ponctualité du guitariste, Ezrin fit appel à son ami Dick Wagner pour jouer sur quatre titres. Intransigeant, il demanda aussi au batteur Joe X. Dubé (Starz) de doubler la grosse caisse sur la plage d’ouverture.

    Déroutant, Destroyer l’est assurément. Si l’incontournable « Detroit Rock City », l’épicé « Sweet Pain » (chanson clin d’œil au sadomasochisme) et l’entraînant « King Of The Night Time World » (un titre des Hollywood Stars réarrangé et réinterprété) gardent une envergure hard-rock, on redécouvre un vertige de sons sophistiqués sur « Do You Love Me » ou « Great Expectation » morceau sur lequel Ezrin interpréta en personne la mélodie de la sonate pour piano n°8 en do mineur de Ludwig von Beethoven. « Flaming Youth » - un collage de trois chansons inachevées de Stanley, Simmons et Frehley – est porté par un calliope alors que l’on devine un air de science-fiction à l’écoute de « God Of Thunder ».

     « Shout It Out Loud » et surtout « Beth », une ballade signée Peter Criss, ont eu droit aux airplays en Amérique, une nouveauté pour un groupe jusque-là boudé par les stations radios. Notez que l’orchestre symphonique (40 musiciens) ainsi que la chorale que l’on entend sur « Great Expectation » ont été enregistrés aux A&R studios. Les sessions se sont clôturées le 23 janvier 1976 et le mixage final confié à Jay Messina (John Lennon, Miles Davis, Aerosmith). La création graphique de la pochette réalisée par Ken Kelly avec l’aide de Dennis Woloch, a sans aucun doute contribué au succès de Destroyer - un titre imaginé par le publiciste Vinny Di Gerlando. 

    Entre-temps, l’album Alive était devenu un succès colossal en terme de ventes. Ce fut alors l’incroyable sortie du ghetto comme le confirmera plus tard l’ingénieur du son Corky Stasiak : « lorsque les membres de Kiss sont arrivés le premier jour au studio, ils étaient dans la dèche. Lorsqu’ils en sont sortis, ils étaient devenus multimillionnaires ! »

    Cette nouvelle édition remasterisée aux studios Abbey Road à Londres n’apporte pas grand chose au Resurrected, l’album remixé par Bob Ezrin en 2012. Le blu-ray avec le mixage 5.1 est une curiosité plus qu’une sensation. Pour justifier cet album anniversaire, Paul Stanley et Gene Simmons ont offert des essais non validés au final (« Doncha Hesitate », « Mad Dog », « It’s The Fire »,…), des morceaux inachevés (« Love Is Alright ») et inédits (le psychédélique « Star », le graisseux « Rock ‘n’ Rolls Royce » ou le rageur « Ain't None Of Your Business » chanté par Criss) ainsi que des versions alternatives apportant un vrai plus (écoutez les démos de « God Of Thunder » et de « Detroit Rock City »). L’intégralité du concert joué et enregistré le 22 mai 1976 à l’Olympia de Paris devant 1.900 personnes est disponible à l’intérieur du coffret dans une qualité sonore acceptable. Pour l’anecdote Kiss avait débuté son set à…15h00, en première partie de l’humoriste Jerry Lewis ! 

    A propos de ce chef d’œuvre de maîtrise technique, Hervé Picart écrivait dans le Best n°112 (nov. 1977) : « Kiss évolue toujours en fonction de son monstrueux succès, toujours avec la même intelligence de l’opportunité, toujours faisant ce qu’il faut faire au bon moment. » 45 ans après la sortie de Destroyer, cette vérité est toujours d’actualité. [Ph. Saintes] 

     

     

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  • Nos interviews de CROWNE et SEVENTH CRYSTAL sont en ligne  sur le site de Metal Obs'.

    Metal OBS' #89

     

     

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  •  BLUE OYSTER CULT The Symobol Remains

    BLUE OYSTER CULT 

     

    The Symobol Remains

     

    Frontiers Music 

     

    L'album commence très fort. L’enchaînement des 4 premiers morceaux est parfait : « That Was Me » pour Eric Bloom, « Box In My Head » pour Buck Dharma, « Tainted Blood » compo de la paire Bloom-Castellano et « Nightmare Epiphany » - signé une fois encore Buck Dharma - un titre plus léger, plus pop avec son break rockabilly et sa magnifique fin aux allures d'improvisation. Viennent ensuite « Edge Of The World » et « The Machine », deux titres écrits par Richie Castellano qui collent moins au Cult traditionnel. « Train True » et son côté bluegrass est une nouvelle perle surprenante qui colle parfaitement à la voix de Buck Dharma. « The Return Of St Cecilia » est un bon titre rock sans surprise. Sur « Stand In Fight », hormis le timbre de voix de Bloom qui lui va comme un gant, on n'accroche pas vraiment à ce "plagiat" ou "hommage" à Metallica. Et revoilà le père  Dharma au sommet de sa forme avec « Florida Man », un soft rock accrocheur calibré pour les radios. « The Alchemist », composé par Castellano, est paradoxalement le titre le plus proche du BOC des seventies, à savoir un titre théâtral, avec un piano omniprésent et une accélération Maidennienne à la fin. Cela prouve bien que ce dernier a sa place dans le Cult actuel. On enchaîne avec une autre perle, « Secret Road », le petit frère de « Box In My Head ». « There's A Crime » est le dernier titre chanté par Bloom et peut-être le plus faible de l'album. Pour enfoncer le clou, Buck Dharma termine en beauté avec le mélodique « Fight ». Sur ce très bon album du Cult, l’auditeur exigeant y trouve intégralement son compte.  [Martial Jonard]

     

     


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