• ACE FREHLEY - Origins Vol. 2 : l'interview.

    ACE FREHLEY

     Retour vers le futur

    Rattraper le temps perdu, c’est l’étonnant défi réussit par Ace Frehley. Alors que Kiss n’a plus sorti d’album studio depuis Monster (2012), son ancien guitariste est revenu à ses principes originels. En cette fin d’été, il sort un second disque de reprises sur lequel il rend hommage aux guitaristes des 60’s qui lui ont donné envie de devenir musicien, aux héros des héros du rock. Le Spaceman a profité de la promo d’Origins Vol. 2 pour nous livrer quelques exclusivités. [Entretien avec Ace Frehley (Chant, guitare) par Philippe Saintes - Photos : DR – Deadly Pix]

    ACE FREHLEY promo Origins Vol. 2

    Ace, l’idée des « Origins » est de rendre hommage à tes artistes préférés, ceux qui t’ont poussé à prendre un instrument quand tu étais un ado du Bronx ?

    Exact. j’ai choisi des morceaux qui me touchaient. J’ai appris à jouer de la guitare en écoutant Jimi Page, Jeff Beck, Eric Clapton, Jimi Hendrix, Keith Richards et George Harrison. Tous m’ont inspiré et enrichi ma carrière musicale. C’est le second disque d’une trilogie que je veux dédier à ces musiciens. Bien sûr, c'est délicat car on refait quelque chose qui a déjà été fait et que le public a aimé. Le but n'est pas de dépasser les originaux, mais de faire connaître les titres aux nouvelles générations et qu'ils perdurent. Les reprises ont toujours existé, elles font partie de l'essence même de la musique.  Je pense que les fans apprécieront davantage ce deuxième volume car il y a plus d’énergie.

    Ton album sort le jour du 50è anniversaire de la disparition de Jimi Hendrix. On trouve une « cover » très réussie de « Manic Depression » en duo avec Bruce Kulick. Votre collaboration remonte-t-elle à la Kiss Kruise 2018 ?

    Nous sommes amis depuis longtemps mais c’est vrai, Bruce a manifesté l’envie de travailler avec moi lors de cette croisière. Nous sommes tous les deux fans d’Hendrix et je lui ai proposé de choisir un titre. Il a instinctivement proposé « Manic Depression » qui est également l’une de mes chansons préférées de Jimi. Ce  lien musical nous unit. Bruce exécute un solo qui tue avec une Stratocaster Floyd Rose. C’est une des plus belles collaborations sur l’album. Bruce est incontestablement le meilleur guitariste qui m’a remplacé dans Kiss. Ce n’est pas un copiste comme Tommy Thayer (il rit).  

    Autre guitariste invité, John 5 (Rob Zombie, Marilyn Manson). Ce dernier possède une incroyable collection d’objets sur Kiss. C’est aussi l’un de tes plus grands fans…

    Moi, j’ai vite sympathisé avec ce garçon. On s’est rencontré alors que je répétais pour la « Reunion Tour » avec Kiss en 1996. Il est tellement enthousiaste. C’est un plaisir de travailler avec lui. Il a amené son talent sur le solo de « I’m Down ». J’adore aussi notre duo sur « Politician ». Nos guitares se chevauchent comme on peut l’entendre avant le fondu enchaîné. Il y a une complicité naturelle entre-nous.

    La présence de Lita Ford n’est pas une surprise, elle était déjà présente sur le morceau des Troggs « Wild Thing » figurant sur le Vol. 1.

    Je connais Lita depuis l’époque des Runaways. Son groupe a fait la première partie de Kiss dans les années ’70. Je suis aussi ami avec Jackie Fox, la bassiste. Lita fut un choix naturel. Nous avons passé le week-end chez moi pour travailler sur sur « Jumpin’ Jack Flash ». Elle a toujours une voix incroyable.

    Est-il vrai que ta reprise de « Space Truckin’ » (Deep Purple) devait à l’origine se trouver sur Anomaly (2009) ?

    Oui. J’avais enregistre une version il y a plusieurs années mais le label avait opté pour « The Joker » (Steve Miller Band) à la place. J’ai réenregistré les voix et les soli  et le résultat final est très satisfaisant. 

    Tu as choisi d'interpréter la chanson « 30 Days In The Hole », l'une des plus connues de Humble Pie avec Robin Zander (Cheap Trick) au chant. Pourquoi? 

    Je suis un fan absolu de Steve Marriott. Comme je n’ai pas un registre vocal très extensible (il rit), j’ai envoyé à Robin les pistes de bases sans la voix. Il m’a dit ‘Ouah, je veux faire ce morceau avec toi !’ J’étais très flatté qu’il accepte d’ajouter sa pièce à l’édifice.

    ACE FREHLEY, Deadly Pix 1

    En guise de bonus, tu proposes une nouvelle version de « She » (Kiss). Le solo du morceau d’origine est inspiré du « Five To One » des Doors.

    Je ne m’en suis pas inspiré, je l’ai carrément ‘volé’ (rires) à Robby Krieger qui en est l’auteur. C’est un passage absolument génial. Je ne pense pas que cela soit un mal. De tous temps des artistes se sont appropriés des idées qui n’étaient pas les leurs. Il faut bien débuter par quelque chose et puis on évolue et on progresse en tant que musicien. Beaucoup de guitaristes ont copié mon style et j’en suis flatté. J’adore jouer « She » en concert. Sur la nouvelle version, je joue le solo en harmonie avec Jeremy Asbrock (Thee Rock N’Roll Residency). 

    A propos de la reprise des Beatles « I’m Down », est-il vrai que Ringo Starr a émis le souhait de te voir rejoindre son All-Starr Band dans les années ’90 ?

    En effet. J’ai reçu un appel de son manager. Il souhaitait que je parte avec Ringo en tournée malheureusement, j’avais de sérieux problèmes à une main suite à un accident. Je n’étais pas en mesure de m’en servir et donc de jouer de la guitare. J’ai décliné l’invitation la mort dans l’âme. J’ai acheté le 45t de « I Want To Hold Your Hand » lorsque j’avais 15 ans. C’est cette chanson qui m’a entraîné dans ce formidable voyage musical. Je n’aurais jamais imaginé à l’époque recevoir une invitation d’un Beatle pour jouer avec lui. Et pourtant, cela a bien failli se faire. 

    Si tu avais la possibilité de grimper dans la machine à remonter le temps et d’intégrer le line-up de tes rêves, quel serait-il ?

    John Bonham à la batterie, John Paul Jones à la basse et Robert Plant au chant (rires). Je serai  Jimi Page, l’une de mes idoles.

    Que devient le morceau de Blues enregistré avec Eric Singer (batteur de Kiss) lors des sessions de Spaceman ?

    Il figurera sur mon prochain album studio. Je dois juste refaire les parties vocales. Cette chanson s’intitule « Empty Bed Blues ».  J’ai déjà trois morceaux de prêt. Je pense inviter quelques ‘guests’, notamment mon vieil acolyte Anton Figg (batterie, Frehley’s Comet, Joe Bonamassa). Je suis revenu habiter sur la côte Est, pas très loin de chez lui. Pour le reste, je n’ai pas encore d’idées bien précises, j’aime faire les choses de façon spontanée. Dès que la pandémie sera finie, je repartirai en tournée. En attendant, j’enregistre, je compose, j’écris chaque jour une page pour mon second livre, je construis un nouveau home studio, je donne de nombreuses interviews par téléphone ou via Zoom. Je n’ai jamais été aussi actif. Cette année, ça fera quatorze ans que je suis sobre. J’essaye juste de profiter des bons moments.

    « J’aimerais enregistrer un album de vieux blues entièrement acoustique pour élargir ma palette. »

    Ton ancienne épouse Rachel vend sur internet des casettes avec des enregistrements inédits et des démos. Quel est ton sentiment ? Tu ne crains pas que tes archives soient dispersées ?

    Cela ne me concerne pas. J’ai conservé toutes les bandes. J’ai au total deux cents casettes audio analogiques rangées dans un road-case. Cela représente des heures d’enregistrements. Je compte sortir un boxset et rendre justice à ces chansons mais je dois avant explorer cette somme impressionnante de documents puis transférer le tout vers des disques durs. Je vais y passer au moins trois ou quatre ans.

    As-tu aussi conservé les bandes de Molimo, ton premier groupe officiel ?

    Oui. C’est la formation de prog-rock dans laquelle j’ai joué avent de rejoindre Kiss. Nous avions signé un contrat avec la maison  de disques RCA en 1971 mais l’album n’a jamais vu le jour. J’ai brièvement poursuivi ma carrière avec le bassiste (Dave Polinski) et le batteur (Barry Dempsey) au sein d’un groupe de reprises pour gagner de l’argent en tant qu’artiste.

    ACE FREHLEY, Deadly Pix 2

    En parlant de Kiss, que penses-tu du projet « Soul et R’n’B» de Paul Stanley ?

    Si Paul est heureux en interprétant ce style de musique, alors je suis heureux pour lui bien que cela ne soit pas ma tasse de thé. Je sais qu’il est branché « Motown ». Nous avons chacun une autre facette. De mon côté, j’aimerais enregistrer un album de vieux blues entièrement acoustique pour élargir ma palette. L’objectif est de se faire plaisir en jouant de la musique. C’est ça l’esprit rock !

    En revanche Peter Criss se fait très discret. As-tu des nouvelles récentes ?

    J’ai voulu intégrer Peter à l’album Origins Vol. 2, et l’ai invité à me rejoindre sur scène lors d’un concert dans la région de New York mais il souffrait de l’épaule et n’était pas à 100%. Il a poliment refusé les deux fois.  Nous avons été tous confrontés à un problème de santé.

    Les fans peuvent-il encore espérer voir le line-up originel de Kiss sur scène ou en studio ?

    Je n’ai pas été approché et si on me le proposait, je ne le ferais certainement pas gratuitement (il rit). Seuls Paul et Gene ont la réponse. Je regrette encore leur attitude lors de la cérémonie du Rock Hall Of Fame en 2014. Nos fans attendaient avec impatience de voir les quatre membres d’origine sur une même scène interpréter deux ou trois morceaux. Le monde entier regardait la cérémonie à la télévision mais cela ne s’est pas fait. Paul et Gene ont tout gâché à cause de leur entêtement. Je pense que cela remonte à notre concert Unplugged pour MTV avec Bruce et Eric. La demande a été si forte qu’elle a débouché sur la Reunion Tour en 1996. Le succès fut colossal. Paul et Gene ne souhaitent pas revivre le même scénario. Ils ne jurent que par la formation actuelle mais ce n’est pas l’héritage de Kiss. Ils ne donnent pas non plus satisfaction au public qui veut entendre de nouvelles compositions. C’est une erreur !  Kiss est devenu une grande entreprise mais a oublié l’essentiel : enregistrer des disques ! Si je reviens dans le groupe, un album verra le jour car je n’arrête pas de composer. Pour Spaceman, J’ai écrit deux chansons avec Gene en une après-midi. Il est temps de remercier nos fans et de leur faire ce cadeau avant de boucler la boucle.  

     ACE FREHLEY  Origins Vol. 2 cover

    ACE FREHLEY

    Origins Vol. II  

    SPV/Season Of Mist

    Que Ace Frehley s’amuse en interprétant les morceaux de sa jeunesse ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est surtout le choix des titres qui est intrinsèquement intéressant. On connaît par cœur les morceaux éternels  « Lola » (Kinks), « I’m Down» (Beatles) ou « We Get Out Of This Place » (Animals) mais nettement moins le « Never In My Life » de Mountain, « Kicks » le tube de Paul Revere & The Raiders ou « Politician » de Cream.Bien entendu, le guitariste s'est réservé le meilleur rôle et sa six-cordes illumine l'ensemble du disque. Toutefois, il ne faut pas passer sous silence les quelques guests de luxe venus donner du médiator ou de la voix à l’image d’une Lita Ford à l’aise sur « Jumpin’ Jack Flash » des Rolling Stones, de Bruce Kulick brillant soliste sur « Manic Depression » le bijou d’Hendrix, de Robin Zander qui s’en tire avec les honneurs sur « 30 Days In The Hole » d’Humble Pie sans oublier le batteur Matt Starr (MR. Big). Si la plupart des chansons sont reproduites fidèlement, le guitar hero parvient à personnaliser des morceaux comme « Space Truckin’ » ou « Good Times Bad Times » de Led Zep en apportant des modifications au niveau des textes. Apprécier ce disque, c’est une affaire de bon goût même si le concept des reprises n’est en rien « original ». Finalement, les Origins de Frehley c’est comme le steak sauce béarnaise, une saveur identifiable mais qui fait son effet à chaque fois. [Ph. Saintes] 

     

     

     

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